La lettre, traduite en français, que nous reproduisons ci-après a été écrite à Berlin, dans le bunker du Führer, le 28 avril 1945, par Magda Goebbels à son fils Harald, né de son précédent mariage avec Günter Quandt. À cette époque Harald se trouvait prisonnier dans un camp anglais. Madame Goebbels écrivit cette lettre trois jours avant son suicide avec ses enfants et son mari. Son contenu est un document, car face à la mort, on ne triche pas. La courageuse aviatrice Hanna Reitsch transporta cette lettre à bord de son Arado 96 qu’elle réussit à faire décoller de la capitale du Reich, et ce, malgré un tir nourri de la part des troupes soviétiques, lesquelles croyaient que l’avion emportait Hitler vers une destination inconnue.
« Mon cher fils,
Depuis six jours nous sommes ici dans le bunker du Führer, Papa, tes six frères et sœurs et moi pour mettre fin, de la seule façon honorable qui soit, à notre vie nationale-socialiste.
Je ne sais pas si tu recevras cette lettre. Peut-être le destin me permettra-t-il de t’envoyer mes dernières amitiés. Tu dois savoir que je suis restée ici contre la volonté de ton père qui, dimanche dernier, voulait aider le Führer à sortir d’ici. Tu connais ta mère, nous avons le même sang, pour moi il n’y avait aucun autre choix. C’est ici, avec tous, que notre magnifique idéal s’est forgé et c’est ici, aussi, que ma vie durant, j’ai connu tout ce qu’il y avait de plus beau, de plus admirable, de plus noble et de meilleur. La vie dans le monde qui vient après le Führer et le National-Socialisme ne vaut plus la peine d’être vécue, c’est pourquoi j’ai aussi pris les enfants. Ils sont trop bien pour cette vie à venir et Dieu miséricordieux me comprendra, si je leur donne moi-même la délivrance. Tu vas continuer à vivre et je n’ai pour toi qu’une seule requête : n’oublie jamais que tu es un Allemand. Ne fais jamais quoi que ce soit contre l’honneur et dans ta vie, veille à ce que notre mort ne soit pas inutile.
Les enfants sont fantastiques. Ils s’entraident sans aucun soutien dans ces conditions précaires. Malgré qu’ils doivent dormir sur le sol, qu’ils ne puissent se laver, qu’ils n’aient pas à manger, jamais une plainte, jamais de pleurs.
Des impacts ont secoué le bunker. Les plus grands protègent les plus petits et leur présence ici est par là même une bénédiction qui de temps à autre fait sourire le Führer.
Hier soir le Führer a détaché sa décoration en or du Parti et me l’a épinglée. Je suis fière et heureuse. Dieu, faites qu’il me reste assez de force pour accomplir le plus dur et ultime geste. Nous avons encore un but : fidélité jusqu’à la mort du Führer. Que nous puissions terminer notre vie avec lui est une grâce du destin à laquelle jamais nous n’aurions pu penser.
Harald, mon cher garçon, pour ta ligne de conduite, je te donne encore le meilleur de ce que la vie m’a appris : sois fidèle ! Fidèle à toi-même, fidèle aux hommes et fidèle à ton pays partout et en tous lieux.
Prendre un nouveau virage est difficile. Qui sait si je suis capable de remplir cette mission, mais je voudrais te donner encore tant d’amour et tant de force pour t’éviter l’affliction de notre perte. Sois fier de nous et essaie de garder de nous des souvenirs heureux et fiers. Tôt ou tard nous devons mourir et il n’y a rien de plus beau que de vivre peu, mais une vie pleine d’honneur et de courage que de vivre toute une vie dans la honte.
Cette lettre doit sortir, Hanna Reitsch la prendra. Elle volera encore !
Je t’embrasse avec l’amour le plus ardent, le plus profond et le plus maternel !
Mon cher fils, vis pour l’Allemagne ! »