Durant la Seconde Guerre Mondiale, l'armée américaine utilisait comme système de cryptage la langue Navajo pour la transmission de messages : la population parlant Navajo était inexistante dans le camp de l'Axe, et la langue était très complexe, ce qui empêchait ces messages d'être décryptés. Le code a principalement été utilisé dans la communication autour des batailles du Pacifique.
Le Navajo avait la particularité de ne pas avoir été étudié par des allemands. Cette langue a été proposée, dans ce sens, par Philip Johnson, un ingénieur civil, qui avait été élevé dans une plaine Navajo en tant que fils de pasteur. Il était l'un des rares non-Navajo qui parlaient couramment la langue. Certains Marines se sont demandés si les Navajos, maltraités par le gouvernement, voulaient se battre pour les États-Unis, ce qu'ils firent peu après Pearl Harbor, impatients de contribuer à l'effort de guerre. Ce qui est arrivé aux Navajo étaient des conflits sociaux, a déclaré Albert Smith, un animateur du Code Navajo. Mais ce conflit impliquait que la Terre-Mère soit dominée par des pays étrangers. C'était notre responsabilité de la défendre.
Les américains durent mettre au point une sorte d'alphabet afin de faciliter les échanges en termes militaires, qui n'existaient pas toujours dans cette langue d'origine sud américaine. Le Navajo avait en effet une grammaire complexe et n'était pas facilement compréhensible à l'écrit, contrairement à ses langues soeurs. Principalement orale et constituée de beaucoup de dialecte, cette langue n'était d'ailleurs couramment parlée que par trente interlocuteurs non issus des tribus sud américaines. Au début de 1942, Johnston rencontra le major-général Clayton B. Vogel, le général commandant du corps amphibie, de la flotte du Pacifique et son état-major. Johnston a mis en scène des tests dans des conditions de combat simulées qui ont démontré que les hommes Navajo pouvaient encoder, transmettre et décoder un message anglais de trois lignes en 20 secondes, contre les 30 minutes requises par les machines à ce moment-là. L'idée a été acceptée, Vogel recommandant aux Marines de recruter 200 Navajos. Les 29 premières recrues Navajo ont participé au camp d'entraînement en mai 1942. Ce premier groupe a créé le code. Un livre de codes a été développé pour enseigner les nombreux mots et concepts pertinents aux nouveaux initiés. Le texte était uniquement destiné à la classe et ne devait jamais être utilisé sur le terrain. Les interlocuteurs du code ont mémorisé toutes ces variations et pratiqué leur utilisation rapide dans des conditions stressantes pendant l'entraînement. Les locuteurs non initiés de Navajo n'auraient aucune idée de la signification des messages du code talker (personne parlant le langage codé) ; ils n'entendraient que des chaînes tronquées et disjointes de noms et de verbes individuels et indépendants.
Ce code ne fut jamais brisé par les allemands et continua d'être utilisé lors de la guerre de Corée et du Vietnam. Il est, toujours à l'heure actuelle, le seul code militaire à n'avoir jamais été décrypté.
Le film Windtalkers réalisé par John Woo s'est d'ailleurs inspiré de ce fait historique pour raconter l'histoire d'un soldat devant protéger de la capture allemande des traducteurs Navajo. Il retrace, en effet, le destin d'Indiens Navajos recrutés par l'armée américaine et affectés au poste de la reconnaissance radio.