Le Taran (bélier en russe) ou « abordage volontaire en vol » est une technique de combat aérien utilisée au cours de la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, le premier emploi de cette technique date de septembre 1914 quand le pilote et voltigeur aérien Piotr Nesterov de l’Armée de l’air impériale russe (dissoute en 1917) fonça sur un avion austro-hongrois. Les deux pilotes et l’observateur autrichien périrent dans l’incident. Il faut attendre le 22 juin 1941, premier jour de l’opération Barbarossa (invasion de l’Union soviétique par le IIIe Reich) pour que cette technique se développe et devienne une forme courante d’attaque chez les Russes. Ce ne sont en effet pas moins de quatorze avions allemands qui furent revendiqués comme détruits de cette manière.
Cette manière, justement, consiste à percuter l’avion ennemi à l’aide de son propre appareil. En effet, une heure après le début de l’offensive de l’Axe, le lieutenant Ivanov, alors qu’il avait épuisé toutes ses munitions, éperonna volontairement, avec son appareil I-16 (avion de chasse) un bombardier Heinkel He 111 dans le ciel ukrainien. Il recevra d’ailleurs, deux mois plus tard et à titre posthume, l’étoile de Héros de l’Union soviétique, le plus haut titre honorifique et le plus haut degré de distinction.
Il ne s’agit pas forcément d’attaque suicide, car plusieurs pilotes soviétiques remportèrent des victoires (et y survécurent) grâce à cette technique. On peut chiffrer le nombre de victoires aériennes remportées à l’aide du taran à un peu plus de 500. Parmi les pilotes qui utilisèrent cette technique, on note le lieutenant Boris Ivanovitch Kobzan qui est l’unique pilote au monde à avoir abattu quatre avions ennemis par abordage et à avoir à chaque fois survécu, le capitaine Alekseï Stepanovitch Khlobystov qui obtint trois victoires de cette façon et dix-huit autres pilotes, dont Boris Pirojkov, qui survécurent à deux attaques.
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands abordèrent volontairement des bombardiers alliés. Bien que certains pilotes réussirent à en détruire, les pertes ne furent pas significativement importantes puisqu'elles concernent entre vingt-deux et vingt-quatre appareils. Les Japonais utilisèrent également cette technique en août 1944 et détruisent douze appareils d'une formation de soixante bombardiers.