Les guerres de Louis XIV (1668-1713)
Atrocités des Français en Hollande
En 1672 et 1673, les militaires français signalèrent par leur brutalité en Hollande, comme on peut notamment en juger par cette missive de Luxembourg à Louvois :
« J’envoyai, il y a trois jours, M. de Maqueline pour châtier des paysans qui avaient tiré sur un de nos partis; il ne les trouva pas assemblés, et ainsi il fut contraint de brûler seulement leur village, et, comme ce fut la nuit qu’il y arriva et que les maisons de ce pays sont fort combustibles, il est vrai que rien ne s’est sauvé de ce qui était dessous, chevaux, vaches, et, à ce qu’on dit, assez de paysans, femmes et petits enfants. La nuit passée, Mélac a été dans de petits bateaux au village de Verden, qui est un lieu où les paysans se tenaient en grande sûreté ; il y a bruslé cinq génisses et plus de cinquante bestiaux, aussi bien que les gens du logis. »
Prostituées d’armée
Des ordonnances furent publiées pour écarter les prostituées des armées, non seulement pour des raisons de morale, mais aussi parce qu’on craignait que les maladies vénériennes ne se répandent dans les camps et, par le biais des militaires, dans la population civile. Il fut d’abord prévu de fouetter publiquement les femmes surprises à gueuser auprès des troupes, mais rien ne changea. Comme cette mesure s’avéra inutile, Louvois décida, le 30 mars 1687, d’étendre la mesure prise le 31 octobre 1684 pour les abords de Versailles à toutes les filles trouvées en compagnie de soldats à moins de deux lieues des camps. Elle prévoyait de leur couper les oreilles et le nez pour autant qu’elles l’eussent encore, car les souteneurs les punissaient de la même manière quand elles n’avaient pas satisfait à leurs caprices. Tout au moins, on leur infligeait des cicatrices qui dégradaient leurs charmes et qui permettaient de les identifier.
Avis aux déserteurs
En cas de désertion ou de désobéissance, le coupable était ordinairement passé par les armes. Un transfuge ou un fauteur de troubles était pendu après avoir été publiquement dégradé par son major suivant un cérémonial ritualisé. Les peines disciplinaires, selon l’Histoire de l’armée française de Daniel (1728), étaient le fouet, l’estrapade et surtout le cheval de bois. Mais l’historien atteste un sérieux relâchement après 1675, car les dépenses excessives du roi, le grand nombre d’ennemis, la disette, la cherté des vivres et des munitions, la maigre solde contraignirent « à ne pas trop contraindre les soldats ». La sévérité reprit ses droits sous le ministère de Louvois. Une ordonnance de 1684 condamna tout déserteur à avoir les oreilles et le nez coupés, à être marqué de la fleur de lys sur les deux joues puis envoyé aux galères.
La guerre : l’enfer des populations
La guerre fut une dominante de la société d’Ancien Régime. Particulièrement au XVIIe siècle, c’est la paix qui constitue l’exceptionnel, puisque l’Europe occidentale dans son ensemble n’a alors connu que... quatre années sans conflit !
Fénélon, dans ses Remontrances à Louis XIV, en 1694, rejette sur le roi et ses guerres la responsabilité du désastre économique :
«La culture des terres est presque abandonnée, les villes et la campagne se dépeuplent, tous les métiers languissent et ne nourrissent plus les ouvriers. Tout commerce est anéanti. Par conséquent, vous avez détruit la moitié des forces réelles du dedans de votre Etat, pour faire défendre de vaines conquêtes au dehors. Au lieu de tirer l’argent de ce pauvre peuple, il faudrait plutôt lui faire l’aumône. »
Les dernières études françaises qui ont été consacrées au sou- verain ont minimisé son ambition personnelle et sa soif de conquêtes. N’oublions pas pourtant qu’il a avoué lui-même, sur son lit de mort, avoir «trop aimé la guerre», qu’il a mis à genoux des contrées étrangères pour s’en servir comme bouclier au Nord et à l’Est de la France et qu’il a déclaré ou provoqué toutes les guerres qui portent à juste titre son nom.