La mode au XXe siècle
Corsets de bain
Durant tout le XIXe siècle, et jusqu’aux années 1920 au plus tôt, il était impensable qu’une femme de classe aisée se présente en public sans être ceinturée d’un corset baleiné, lacé étroitement dans le dos, même au bain. À cet effet, on avait mis à la mode des espèces de corsets aquatiques qu’un magazine de mode définissait ainsi en 1905 : « des corsets de gros tulle ne redoutant pas la baignade. »
Les petits bateaux sans jambes
En 1918, le bonnetier Pierre Valton, fondateur de la société du même nom à Troyes, eut l’idée de couper les jambes d’un pantalon, inventant ainsi la culotte moderne pour enfant, qui doit son nom à la partie intime qu’elle recouvre. Réalisée en coton tricoté, la culotte Petit Bateau était souple, hygiénique et si confortable qu’elle fut adoptée par les adultes. Selon la légende, ce fut en entendant l’un de ses enfants chanter Maman les p’tits bateaux que le modiste imagina sa marque aujourd’hui célèbre429. Avec la nouvelle forme de culotte, il fait avancer le travail dans le jersey de coton et place des élastiques à la taille et aux cuisses. Il invente également le picot en guise de bordures. Il remporte un succès tel que sa petite culotte reçoit en 1937 leDiplôme de Grand Prix à l’Exposition internationale de Paris.
Masques à gaz pour élégantes
En ville, la psychose de la guerre des gaz rendit obligatoire pour chaque piéton le port du masque pendant les derniers mois de 1939. Les coquettes le dissimulaient dans des housses de tissus assortis à leurs vêtements ou dans des étuis en cuir ou en satin. La publicité et le commerce de luxe ne manquèrent pas d’exploiter l’aubaine. Un mini masque à gaz devenait un flacon de parfum ou un étui de rouge à lèvre, le plus original et le plus pratique de l’année !
Métro et robes longues : mauvais ménage
À Paris, durant la Deuxième Guerre mondiale, rater le dernier métro de 23 heures vous valait de passer la nuit au poste de police. Les habits s’en ressentirent: les robes longues, dans lesquelles il était si malaisé de se hâter, disparurent, au profit de robes qui ne touchaient pas terre.
Origine de la jupe-culotte
Dès l’automne 1940, avec l’arrivée du froid, la jupe-culotte triompha. Lancée par le cyclisme, elle n’était plus réservée à la pratique de ce sport. Un écrivain complaisant à l’égard de l’occupant, Alfred Fabre-Luce, en apprécia le côté pratique :
«L’élégance de Paris se révèle beaucoup mieux en ces temps spartiates ; la jupe-culotte, qui est un effet de la pénurie d’essence et de charbon, est prestigieuse. »
Castagnettes de guerre
À la même époque, comme le cuir était devenu rare et cher, les élégantes qui ne souhaitaient pas abandonner les talons hauts y vissèrent de petits patins d’acier pour préserver leurs chaussures : le patin d’acier. Le clic-clac sonore de ces chaussures rythma désormais l’entrée et la sortie des bureaux.
Bikini rikiki
Le vêtement fut créé en 1945 par Louis Réart, qui l’estimait aussi chaud que la bombe atomique d’Hiroshima. L’année suivante, les Américains procédaient à leur premier essai nucléaire dans le Pacifique, sur l’atoll de Bikini, presque aussi étroit que l’audacieux maillot ! Il fut ainsi baptisé et sa marque aussitôt déposée. Jugé scandaleux, il fut immédiatement interdit sur les plages en Belgique, en Italie et en Espagne. En 1948, le maire de Biarritz l’interdit également, en raison du trop grand nombre de femmes qui frôlaient ainsi l’indécence.
En 1949, un fabricant de chrome, Charles L. Langs, fournisseur du constructeur automobile Cadillac, mit au point un haut de bikini composé de deux appliques de forme conique. Dépourvu de bretelles, il laissait le dos complètement dénudé.
Les deux cônes métalliques étaient fixés chacun sur un anneau en plastique, eux-mêmes appliqués sur la peau grâce à une colle spéciale, qu’il fallait renouveler après chaque baignade. Le modèle s’appelait Poses, mais devait être prononcé Pose-ease, c’est-à-dire : facile d’application.