Antonin Nompar de Caumont fut un courtisan très audacieux. Son amie Madame de Montespan lui ayant promis de garder Louis XIV dans de bonnes dispositions à son égard, il alla jusqu’à se cacher sous le lit du Roi et de sa maîtresse pour s’en assurer. Il constata malheureusement la trahison de Madame de Montespan et la confrontation qui s’en suivit lui valut un séjour à la Bastille.
Antoine Nompar de Caumont, duc de Lauzun est un courtisan et soldat français. Il est le seul amoureux de la plus grande héritière d’Europe, Anne Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, cousine de Louis XIV.
Il est souvent connu pour son commandement d’une brigade expéditionnaire française qui sert aux côtés de l’armée irlandaise jacobite pendant la guerre Williamite. Après sa défaite lors de la bataille de la Boyne en juillet 1690, sa brigade se retire à Galway où elle est évacuée en France. Il reste néanmoins une figure influente de la cour jacobite en exil, notamment auprès de Marie de Modène.
Il est le fils de Gabriel de Caumont, comte de Lauzun, et de son épouse Charlotte, fille de Henri Nompar de Caumont, duc de La Force. Il est élevé avec les enfants de son parent, le maréchal-duc de Gramont. Une fille, Catherine Charlotte, ensuite princesse de Monaco par mariage avec le prince Louis I de Monaco, est l’objet de la seule passion de la vie de Lauzun.
Il entre dans l’armée et sert sous Turenne, également son parent, et en 1655 succède à son père comme commandant des cent gentilshommes de la maison de roi. Connu alors sous le nom de comte de Puyguilhem, il se lève rapidement en faveur de Louis XIV, devient colonel du régiment royal des dragons, et est déclaré maréchal de camp. Lui et Madame de Monaco appartiennent à la côterie de la jeune duchesse d’Orléans. Son esprit rude et ses compétences en plaisanteries pratiques plaisent à Louis XIV, mais sa jalousie et sa violence sont les causes de sa perte. Il empêche une rencontre entre Louis XIV et Mme de Monaco, et c’est la jalousie en la matière, plutôt que l’hostilité à Louise de La Vallière, qui le conduit à promouvoir les intrigues de Mme de Montespan avec le roi. Il demande à cette dame de lui assurer le poste de grand-maître de l’artillerie, et sur le refus de Louis de lui donner le rendez-vous, il tourne le dos au roi, casse son épée et jure qu’il ne servira plus jamais un monarque qui a rompu sa parole. Le résultat est un court séjour à la Bastille, mais il retourne bientôt à sa fonction de bouffon de la cour.
Pendant ce temps, Anne, duchesse de Montpensier est tombée amoureuse du petit homme, dont la laideur semble avoir exercé une certaine fascination sur de nombreuses femmes. Il encourage naturellement l’une des plus grandes héritières d’Europe, et le mariage est fixé au 21 décembre 1670. Puis, le 18, Louis fait venir sa cousine et interdit le mariage. Madame de Montespan n’a jamais pardonné la fureur de Lauzun lorsqu’elle n’a pas réussi à se procurer le grand-maître de l’artillerie, et maintenant, avec Louvois, assuré son arrestation. Il est renvoyé en novembre 1671 de la Bastille à Pignerol, où des précautions excessives sont prises pour assurer sa bonne tenue. Il est finalement autorisé à rencontrer un autre prisonnier, Fouquet, mais avant ce moment, il réussit à trouver un chemin à travers la cheminée dans la chambre de Fouquet, et à une autre occasion réussit à atteindre la cour en toute sécurité. Eustache Dauger, autrefois prisonnier de communication avec lequel il est censé être rigoureusement exclu, est un autre prisonnier, qui sert occasionnellement de voiturier à Fouquet.
Dans ses rapports à ses supérieurs à Paris, le directeur de la prison, Bénigne Dauvergne de Saint-Mars, raconte comment Lauzun montre des preuves de comportement dérangé à cette époque : sa cellule est en constante confusion et il grandit sa barbe au point que cela lui donne une apparence sauvage. Une tentative d’évasion est déjouée quand, en sortant de son tunnel, il tombe sur une femme de chambre qui sonne l’alarme.
Il est maintenant indiqué à Mademoiselle que la restauration de Lauzun en liberté dépend de son établissement immédiat de la principauté de Dombes, du comté d’Eu et du duché d’Aumale – trois propriétés attribuées par elle à Lauzun – à Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, fils aîné légitimé de Louis XIV et madame de Montespan. Elle cède, mais Lauzun, même après dix ans d’emprisonnement, refuse de signer les documents, lorsqu’il est amené à Bourbon dans ce but. Un court emprisonnement à Chalon-sur-Saône le fait changer d’avis, mais quand il est libéré, Louis XIV est toujours opposé au mariage, qui aura eu lieu secrètement.
Marié ou non, Lauzun courtise ouvertement la fille de Nicolas Fouquet, qu’il a vue à Pignerol. Il doit être remis à sa place à la cour et épouser mademoiselle Fouquet, qui devient cependant duchesse d’Uzès en 1683.
En 1685, Lauzun se rend en Angleterre pour chercher fortune sous Jacques II, qu’il a servi comme duc d’York en Flandre. Il acquit rapidement une grande influence à la cour d’Angleterre. En 1688, il est de nouveau en Angleterre et organise le voyage en exil de Marie de Modène et du petit prince qu’il accompagne à Calais, où il reçoit de strictes instructions de Louis de les amener sous n’importe quel prétexte à Vincennes.
À la fin de l’automne 1689, il est mis aux commandes de l’expédition aménagée à Brest pour le service en Irlande, et il navigue l’année suivante. Lauzun est honnête, une qualité pas trop courante chez les fonctionnaires de James II en Irlande, mais n’a aucune expérience du terrain, et il suit aveuglément Richard Talbot, comte de Tyrconnel. Après la bataille de la Boyne, ils s’enfuient à Limerick, et de là à l’ouest, laissant Patrick Sarsfield pour montrer un front courageux. En septembre, ils s’embarquent pour la France et, à leur arrivée à Versailles, Lauzun constate que son échec a anéanti toute perspective d’un retour de la faveur de Louis XIV.
Mademoiselle décède en 1693 et deux ans plus tard, Lauzun épouse Geneviève de Durfort, une enfant de quatorze ans, fille du maréchal-duc de Lorges. La reine Mary, par l’intérêt de laquelle Lauzun assure son duché, conserve sa foi en lui, et c’est lui qui, en 1715, plus d’un quart de siècle après la fuite de Whitehall, lui apporte la nouvelle de la bataille de Sheriffmuir. Après sa mort, le duché de Lauzun tombe au mari de sa nièce, Charles Armand de Gontaut.