Avec environ 1,5 million d’habitants d’origine japonaise, le Brésil est le pays où la communauté nippone est la plus forte. Les premiers immigrants japonais arrivèrent en 1908 pour travailler dans les plantations de café et pensaient retourner au Japon après avoir gagné un peu d’argent. Dans les années 80, le Japon a appelé à un retour au pays mais peu sont rentrés.
En dehors du Japon, c’est au Brésil que l’on trouve le plus de Japonais avec un peu moins de 2 millions d’habitants originaires du pays du Soleil levant. On les appelle les nissei.
C’est dans les années 1870 que débute l’émigration des travailleurs japonais, bien avant leur arrivée au Brésil. À cette époque, le Japon vit la Restauration Meiji qui amène des changements économiques et politiques et l’arrivée du pays dans le monde moderne. C’est également la fin du shogunat et le retour du pouvoir aux mains de l’Empereur ainsi que l’arrivée d’une nouvelle constitution inspirée par celles des pays occidentaux.
L’émigration des Japonais est une des conséquences de la modernisation qui marque cette nouvelle étape de l’Histoire, le pays s’ouvre sur le monde occidental, signe des traités commerciaux qui permettent, notamment, aux travailleurs de voyager à l’étranger. La politique migratoire du pays, à cette époque, a pour objectif de soulager les tensions sociales dues au manque de terres et à l’endettement dans les campagnes, à cause des projets de modernisation.
L’abolition de l’esclavage en 1888 au Brésil nécessite le remplacement de la main d’œuvre et constitue la préoccupation des classes dirigeantes depuis l’Indépendance.
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En 1908, les premiers immigrants japonais arrivent de Kobe depuis le Cap de Bonne-Espérance, après avoir traversé l’océan Atlantique. Le 18 juin, ils débarquent du navire Kasato Maru dans le port de Santos, non loin de São Paulo. Ils sont au nombre de 791. Ils partent pour le Brésil afin de travailler dans les plantations et pensent revenir au Japon après avoir gagné un peu d’argent, mais ce n’est pas le cas.
Le flux migratoire en direction du Brésil ne s’intensifie cependant qu’à partir des années 1910, précisément quand les gouvernements nord-américains bloquent l’immigration japonaise.
Au début, les activités de la communauté japonaise sont libres (il y a même des écoles japonaises), mais cela change pendant la Seconde Guerre mondiale quand on interdit les journaux en japonais et les écoles japonaises.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, quelques Japonais radicaux protestent contre la position brésilienne dans la guerre et écrivent des textes demandant, par exemple, la destruction de la production de soie et des champs de menthe poivrée.
La majorité des 200 000 immigrants n’accepte pas la défaite de 1945 et la colonie se divise entre les défaitistes, qui étaient moins de 20%, et les victoristes.
Peu après la fin de la guerre, Junji Kikawa, un colonel à la retraite, fonde l’organisation secrète Shindo Renmei pour empêcher la divulgation de fausses nouvelles de défaite et pour éliminer les défaitistes, que l’on appelle aussi les Cœurs sales.
Cette organisation prétend propager au Brésil l’idée que le Japon n’a pas perdu la guerre, que ce n’est qu’une invention des États-Unis pour affaiblir le Japon. Les immigrants sont fidèles à l’Empereur du Japon, Hirohito, et la plupart deviennent membres de l’organisation.
Quand le Brésil déclare la guerre au Japon, les Japonais sont persécutés par le gouvernement brésilien, et comme c’est le cas avec la langue des communautés allemande et italienne du pays, le japonais est interdit sur tout le territoire. Les écoles japonaises sont fermées et les manifestations culturelles interdites.
Le Shindo Renmei persécute les Japonais qui croient que le Japon a réellement perdu la guerre, tuant vingt-trois personnes entre 1946 et 1947. L’organisation est démantelée quand le gouvernement brésilien, après avoir interrogé 30 000 personnes, en arrête 300 et en expulse 80 au Japon.
La présence japonaise est marquée par les réactions liées à ses différences ethniques. Ces différences sont soulignées dans les débats à propos de cette immigration, argumentés par l’idée que les Japonais sont un peuple impossible à intégrer à la culture locale.
Malgré la préoccupation du manque de main d’œuvre, le gouvernement brésilien n’encourage pas l’immigration de travailleurs japonais. Ce comportement politique concorde parfaitement avec les idées qui prévalent dans la société brésilienne de l’époque, faisant du blanchissement de la population un idéal possible et souhaitable à réaliser, pour faire du Brésil un pays civilisé. Pour cette raison, dans les débats des élites sur l’immigration, la résistance à l’entrée des Asiatiques dans le pays est forte, ce qui permet la mise en place du Décret du 28 juin 1890, restreignant l’entrée de ces immigrants. Le décret est en vigueur jusqu’au début du XXe siècle.
Ce préjugé d’impossibilité des Japonais à s’assimiler à l’environnement socio-culturel brésilien et la vigilance entretenue à leur égard persiste jusqu’à l’Estado Novo, expliquant, en partie, la période immigratoire du gouvernement Vargas par rapport à la communauté nippo-brésilienne. Durant toute la durée de l’Estado Novo apparaissent des moments de tension dans les relations entre cette communauté et les pouvoirs publics.
Ces préjugés font dire à Francisco Campos, ministre de la Justice en 1941, après l’interdiction de l’entrée de 400 Japonais à São Paulo :
Son mode de vie méprisable représente une concurrence brutale à l’encontre du travailleur du pays. Son égoïsme, sa mauvaise foi, son caractère réfractaire, font de lui un énorme chancre ethnique et culturel installé dans une des plus riches régions du Brésil.
Ce climat de défiance envers ces immigrants et leurs descendants perdure après la Seconde Guerre mondiale à cause, entre autres motifs, parce qu’ils sont considérés comme les ennemis du pays qui les héberge.
On a l’habitude de dire que, bien que récente, l’immigration japonaise a réussi. Cela peut se vérifier par l’ascension sociale des descendants et leur présence dans divers secteurs d’activité, particulièrement en milieu urbain.
Beaucoup d’immigrants trouvent dans le commerce urbain leur source de revenus, mais la majorité est dirigée vers la production agricole. Nombre d’entre eux vont travailler dans les plantations de café paulistes, comme colons.
Dès qu’ils arrivent, les travailleurs japonais sont conduits sur les terres des compagnies d’immigration ou des groupes d’immigrants. Ils cultivent essentiellement des produits intéressant l’économie japonaise, comme le coton, fondamental pour la toute jeune industrie textile du Japon.
Avec le temps, ils diversifient leur production dans des produits d’autosuffisance et d’approvisionnement des régions où ils vivent : ils cultivent des légumes, du riz, du thé, élèvent des vers à soie, etc., principalement dans le sud du pays, pendant qu’au Nord, en Amazonie, ils cultivent le poivre.
En termes de religion, la plupart des Japonais-brésiliens sont convertis à la religion catholique. Seulement 25 % gardent les traditions religieuses japonaises.
Liberdade, un quartier de São Paulo, est la plus grande communauté japonaise au monde, hors du Japon.
Une émigration à rebours se produit actuellement. Elle est due à la crise économique qui affecte les mode et niveau de vie des classes moyennes. Pour les Japonais, en majorité intégrés à celle-ci, le Japon est le pays idéal pour maintenir cette prospérité, même s’ils ne parlent plus le japonais. Dans les années 1980, le Japon qui manque de travailleurs encourage fortement le retour au pays de cette communauté, en lui octroyant des visas plus facilement. En 1990, on donne le droit à la citoyenneté japonaise à ceux qui sont restés au Brésil.
On trouve actuellement au Japon 270 000 Japonais ayant des ancêtres qui ont vécu au Brésil. Ils constituent la plus grande communauté parlant le portugais dans toute l’Asie.
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