Au temps de la Révolution, la majorité des prostituées, livrées aux maquerelles, avaient entre 14 et 20 ans. Elles se pavanaient, selon un contemporain, «la gorge découverte, la tête haute, le visage enluminé, l’œil aussi hardi que les bras et qui, malgré la lumière des boutiques et des réverbères, poursuivent dans la boue, en bas de soie, les passants». Bouisses, marcheuses ou autres raccrocheuses travaillaient soit dans des chambres garnies, souvent partagées, soit dans les rues sombres, logeant dans des galetas misérables des faubourgs, voire dans des confessionnaux, attirant le client dans les jardins, quais ou recoins obscurs.
Marguerite Cousin attirait de jeunes provinciales en leur offrant une place de domestique, avant d’en exiger davantage. Ainsi, le 14 août 1790, engagea-t-elle Agathe Virton, orpheline, à condition de «se montrer complaisante vis-à-vis des hommes qui fréquentent la maison » et de « se laisser prendre par la gorge, passer la main sous les jupes et prendre sans discrétion. » Parfois, c’était le père, empêtré dans la misère, qui était l’initiateur, avec l’aval de la mère, pressée par les mioches qui réclamaient du pain.
Le sort le plus enviable était celui des prostituées entretenues par les riches fournisseurs d’armées, qui payaient 200 à 300 livres pour une nuit. Mais la plupart ne gagnaient que 3 sous à 3 livres par passe, ou bien 25 sous comme Antoinette Pouly, qui prétendait « savoir amuser deux clients à la fois ».
Loi du bien marital (1790)
«L’homme est déclaré maître absolu des biens, meubles et immeubles, crédits et actions de sa femme, encore de biens obvéans et acquis devant le mariage, et lui est permis d’en disposer [...] sans l’aveu ni consentement de sa femme». La Déclaration de Droits de l’Homme, dans laquelle notamment les citoyennes avaient placé tant d’espoirs, portait décidément bien son nom !