Balkis, la reine de Saba

LA REINE DE SABA

Vers 1000 av. J.-C.

Lieu : Jérusalem

Particularité :  Reine mythique du Royaume de Saba, reconnue par la Bible, le Coran et la tradition dynastique éthiopienne

La plus célèbre femme de la Bible hébraïque ne porte aucun prénom dans la relation biblique. C’est un comble ! Le Coran le corrigera un millénaire après la compilation biblique d’Esdras, lui collant le prénom de Balkis et en faisant une métaphore dans une allégorie poétique sur les fourmis. La Bible le voulait peut-être aussi en disant sous la plume de Salomon :

« Va vers la fourmi, paresseuse, considère ses voies et devient sage ! »

Proverbes 6,6.

Pour les Éthiopiens, qui en feront la reine fondatrice de leur dynastie, elle s’appelait Makéda. Dans la kabbale chrétienne, elle est reine des démons. Aussi peut-on l’identifier à Lilith dans le Targoum (traduction de l’Ancien Testament en araméen) et plus tard le Zohar, le livre de la Kabbale, sorte d’exégèse ésotérique de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible).

Selon les légendes arabes, elle serait la fille d’un djinn ou plus proche du christianisme, la « Reine du midi » selon l’évangéliste Luc. Pour tous, Éthiopiens, Arabes ou Juifs, elle était « la » beauté. L’islam lui confère l’étincelante splendeur d’un(e) « houria » (une des vierges du paradis des musulmans).

« J’ai trouvé qu’ils avaient pour roi une femme, qu’elle avait été dotée de tous les avantages et qu’elle avait un trône superbe ».

Le Coran 27/23.

L’islam, dans un voyage onirique, la voit survoler comme un oiseau le royaume de Salomon et déclare même que le grand roi s’inquiète pour elle :

« J’y ai trouvé une femme régnant sur les hommes […]. Elle et son peuple adoraient le soleil […]. Car ils n’adorent point ce dieu unique qui produit au grand jour les secrets des cieux et de la terre, qui sait ce que vous pensez et tout ce que vous faites. »

« Elle dit alors : Seigneur ! Je me suis fait du tort à moi-même et je me soumets avec Sulaymân (Salomon) à Dieu, le Seigneur et maître des univers ».

Le Coran 27/44.

D’où vient cette femme étrange qui régnait sur les hommes en ces temps révolus où les femmes étaient plutôt soumises ?

On a supposé une migration de son peuple d’origine mésopotamienne vers le Yémen puis vers l’Éthiopie comme le souligne la tradition séculaire de ce pays qui veut qu’elle soit devenue mère, par Salomon, du roi Ménélik I. Alors ? Serait-elle reine fondatrice de l’Arabie heureuse, de la cité d’Ophir (que les archéologues passionnés du sujet n’ont jamais retrouvée ou plutôt ont trouvée dix fois), qui est décrite dans la Bible gorgée d’or et de pierres précieuses ?

Et si nous tentions une analyse ? Disons une supposition de plus…

L’Égypte était en l’an 1000 avant J-C la police du ProcheOrient. Elle gérait le commerce de bateaux qui traversaient les mers, peut-être même jusqu’à l’océan Indien et contrôlait les caravanes qui sillonnaient la route des épices, des étoffes et des métaux précieux.

La reine de Saba apparaîtrait alors, sinon comme une vassale du pharaon, comme une bonne cliente ou fournisseuse de tous ces produits. (Elle est même dite « reine d’Égypte »). Si elle vivait près de la côte yéménite actuelle (Aden), au sud du pays, elle était gestionnaire de ports maritimes de ce golfe où des voiliers partaient et revenaient des rives de l’Indus (en Inde) où on trouvait de tout et le ramenait (même les fameuses oranges qui firent au XXe siècle la réputation des agrumes d’Israël sous le nom de Jaffa, le port israélo-palestinien).

Mais il est d’usage de situer sa capitale à Marib, en plein cœur du désert yéménite où subsistent des vestiges (malmenés par les Bédouins musulmans). Loin de la côte… mais moins loin que Jérusalem où elle serait venue, empruntant la célèbre Route des Rois jordanienne. Pour quelles raisons ?

Comment aurait-elle pu ignorer ce royaume d’Israël naissant, où un roi qu’on disait pacifique, riche et puissant, avait épousé la fille du pharaon, son allié, puis construit une ville entière, dont un temple en honneur d’un dieu invisible ?

Comment pouvait-elle négliger le constat que le port d’Eçyôn Gébèr, construit par le roi Salomon, voyait transiter, entre l’Égypte et le Yémen d’alors, des bateaux qui traversaient la mer Rouge puis l’océan Indien pour aller acheter des produits exotiques rares ?

Comment, enfin, aurait-elle fermé les yeux et les oreilles sur la réputation d’un roi, puissamment armé, mais qui signait la paix avec les royaumes limitrophes et passait la bague de princesse à des centaines de femmes étrangères dont majoritairement des femmes arabes ?

La reine de Saba voulut rencontrer ce phénomène.

Et elle s’y prit probablement le cœur.

Si la Bible suggère, comme le Coran, qu’elle adopta des croyances monothéistes après ce voyage, elle ne dit rien d’une relation amoureuse entre Salomon et elle. Est-ce possible ?

Bien sûr. Mais vu qui était Salomon, « le roi des femmes », et vu la description d’une reine de Saba qui, telle une déesse vivante, naîtra de l’amalgame du biblique, du coranique, de légendes arabe et éthiopienne, on est en droit de se dire que ces deux-là n’ont pas pu se rater.

Depuis des millénaires, elle reste emblématique de la beauté des femmes à la peau noire ou basanée, de la force d’une dominatrice dans un monde d’hommes. La perfection faite femme…

Il n’est pas de plus majestueuse femme de la Bible que cette reine de Saba !

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