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Bataille de Fleurus : la première utilisation militaire d’un ballon d’observation

Après la défaite de Neerwinden (18 mars 1793), Frédéric de Saxe-Cobourg contraignit Dumouriez à battre en retraite et à évacuer temporairement le Belgique. Dès le 28 mars, les Autrichiens reprirent possession de Charleroi qui, depuis 1792, avait changé de nom et s’appelait Charles-sur-Sambre.

 

Le 3 juin 1793, en présence de l’empereur François II, l’armée autrichienne fit une parade solennelle dans la ville. Cobourg donna des ordres pour remettre les fortifications en état. Les travaux seraient terminés le 28 mai 1794.

 

Cinq mille Autrichiens, aux ordres du général Reynac, campaient dans la forteresse lorsque, le 18 juin 1794, les Français entreprirent d’assiéger à nouveau la ville.

 

 

Deux armées françaises furent engagées. Celle de l’Entre-Sambre-et-Meuse était menée par le général Jourdan. L’autre était dirigée par un général de 25 ans, Marceau, et le général Hatry mena le bombardement de la forteresse.

 

En quelques jours, à dater du 18 juin 1794, la ville fortifiée fut réduite en cendres. Après 6 jours, le 7 Messidor (25 juin), le général Hatry demanda à capituler. On lui laissa un quart d’heure, faute de quoi l’assaut final serait lancé et toute la garnison fusillée.

 

Le général Jourdan

 

Reynac envoya un parlementaire dont on n’ouvrit même pas la lettre et qu’on reconduisit aussitôt. Reynac se rendit. Les Français firent 3000 prisonniers et capturèrent 50 canons. La ville fut une fois de plus baptisée : elle s’appellerait désormais Libre-sur-Sambre. Depuis son quartier général au château de Marchienne-au-Pont, Jourdan lança la bataille de Fleurus contre le gros des armées alliées qui descendaient du Nord afin de dégager la garnison de Charleroi.

 

 

75 000 Français s’opposèrent à une centaine de milliers d’Austro-Hollandais. Les Français, venus de la levée en masse décidée en août 1793, étaient mal équipés, mais pleins d’élan et remarquablement dirigés.

 

La manœuvre d’encerclement tentée par Cobourg fut contrée en tous points par l’armée de Sambre-et-Meuse de Jourdan.

 

 

Le 26 juin, à l’aile gauche, Kléber et Montaigu, au centre, Kléber et Lefebvre, Championnet et Morlot; à l’aile droite, Marceau livra des combats sanglants qui stoppèrent net les Alliés. Et voici qu’au-dessus de Jumet, un ballon captif, L’Entreprenant, l’éleva, dominant le champ de bataille. Il allait renseigner Jourdan sur les mouvements de l’ennemi qu’il pouvait précéder par ses contre-attaques.

 

Ce premier exemple d’une observation aérienne de l’Histoire a surtout exercé une grande impression psychologique sur les Alliés. Au même moment, Cobourg apprenait la chute de Charleroi. Il fit rompre le combat et ordonna la retraite. Quinze mille hommes restèrent restés sur le champ de bataille : cinq milles Français et dix milles Alliés. Par cette victoire de Fleurus, Jourdan stoppa la menace étrangère d’invasion, l’une des causes de la mise en place du gouvernement de Salut public et de la Terreur. Avec l’amiral van Stabel, Jourdan fut, sans le vouloir, l’un des principaux artisans de la chute de Robespierre, le 27 juillet 1794.

 

 

Sur les 500 000 personnes qui furent incarcérées en France, près de 40 000 moururent dont plus de 10 000 tuées sans jugement. Quelques milliers de personnes décédèrent en prison de faim ou de maladies.

 

Seuls quinze pour cent de ces victimes venaient du clergé ou de la noblesse, la plupart d’entre elles étant des paysans, des ouvriers ou des bourgeois. Les Basques, les Vendéens, les Alsaciens allaient pouvoir respirer. Les Juifs et les protestants ne seraient plus persécutés.

 

Fleurus allait provoquer la dislocation de la coalition européenne et amener l’annexion de la Belgique ainsi que l’occupation de la rive gauche du Rhin. Pour organiser tout cela, la France attendait Bonaparte. Au début de l’été 1794, Fleurus, bourg du Hainaut belge, devint un enjeu de première importance pour l’armée de Sambre-et-Meuse. Commandée par Jourdan, assisté entre autres de Kléber et Marceau, celle-ci défit les forces autrichiennes conduites par le prince de Cobourg. Cette victoire ouvrit les ports de la Belgique à la France. Les moissons de Messidor n’avaient jamais été aussi belles.

 

 

Engagé à seize ans, Jourdan avait fait la guerre d’Amérique. Atteint de la malaria, il avait été réformé à vingt ans et s’était fait mercier à Limoges. La révolution le vit entrer dans la Garde nationale, puis comme volontaire dans l’armée qui combattit en Belgique. Gagnant ses galons sur les champs de bataille, il devint général de brigade, de division puis d’armée.

 

Après sa brillante victoire de Fleurus, il poursuivit les Impériaux jusqu’au Danube. Rappelé à sa demande, il fut élu membre des Cinq-Cents, mais s’opposa à Bonaparte lors du coup d’état de Brumaire.

 

Il devint néanmoins ambassadeur, comte et maréchal d’Empire. Rallié aux Bourbons en 1814, il finit gouverneur des Invalides en 1830.

 

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