27 morts, et alors ?
Michel Félizat est évidemment sur les rangs le jour où Paris, reprenant l’idée des bateaux omnibus, lance un appel d’offre. À Lyon, ses bateaux Mouche transportent plus d’un million de passagers par an. Pour un coût très faible. Du coup, tout le monde préfère oublier qu’un jour de juillet 1864, le Mouche 4 a chaviré, suite à l’explosion de son moteur à vapeur, et que ‘l’incident’ a quand même fait 27 morts. Michel Félizat remporte le marché. Paris lui commande trente bateaux à livrer dans les huit mois. Il lui faut donc construire un bateau par semaine ! C’est un véritable défi, d’autant qu’il doit ensuite les acheminer jusqu’à Paris.
Le 14 avril 1867, alors que l’Exposition universelle ouvre ses portes, les bateaux Mouche sont sur la Seine. Ils vont transporter près de trois millions de personnes durant les six mois que dure l’Expo. Et lorsqu’elle s’achève, la Ville de Paris décide de pérenniser le service des bateaux omnibus, estimant qu’ils seront très utiles à ses habitants. Effectivement, c’est un moyen pratique, rapide et pas cher de se déplacer dans la capitale. À la belle époque, les bateaux sur la Seine transportent jusqu’à vingt-cinq millions de passagers par an. Ils subissent ensuite la concurrence du métro, mis en service pour l’Exposition universelle de 1900, puis la concurrence de l’automobile. Et ils finissent par disparaître, en 1934.
À l’aube des années 50, un Parisien malin se dit toutefois que, si le bateau ne convient plus pour le transport des citadins, il peut séduire les touristes. La Ville Lumière est encore plus belle vue de la Seine ! Il rachète un vieux bateau à vapeur. Il dépose la marque ‘Bateaux-Mouches’… Et voilà comment les bateaux du chantier de La Mouche, même s’ils ont tous disparu aujourd’hui, continuent de faire battre le cœur de Paris.