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Bob Ford, l’homme qui tua le premier « ennemi public numéro 1 »

Robert Newton Ford, également connu sous le nom de Bob Ford, est un hors-la-loi américain passé à la postérité pour avoir assassiné Jesse James, l'homme pour qui on inventa l'expression "ennemi public numéro 1". 

Villes en feu, hommes en sang, femmes en larmes : autour de lui, le monde s'écroule. La violence et l'horreur sont partout. La guerre de Sécession s’achève sur un amas de ruines. Ses yeux ont vu toutes les atrocités et plus de cadavres qu'aucun garçon de son âge ait jamais vus. Dans son cœur de 18 ans, c'est la rage et l'enfer des vaincus. Il faut être né, comme lui, dans le sud profond pour savoir ce que cette défaite a d'humiliant et d'inacceptable. Ce climat de haine, de rancune et de dépit dans lequel il a grandi à la frontière du Kansas et du Missouri restera la toile de fond de toute son existence. La guerre de Sécession, la première guerre totale de l'histoire, s'est particulièrement mal terminée pour lui et les siens. Rien pourtant ne désignait au départ le jeune Jesse James comme un futur chef de gang. Il fut d’abord un petit jeune homme comme il faut, fils d’un pasteur baptiste et prédicateur, qui voyait déjà dans cet enfant son digne successeur. Et même, quand il sera devenu un gangster impitoyable, avec beaucoup de sang sur les mains, il gardera toujours un certain penchant pour la piété. Adulte, il se fera même baptiser.

Jesse a choisi la petite ville de Liberty pour théâtre de ses premiers exploits criminels. Il met au point son scénario. Chaque jour, il oblige les hommes de son gang à se répandre dans les rues de la ville, à cheval, en poussant des cris de sioux et en tirant des coups de feu en l'air, histoire de créer, par cette exubérance un peu forcée, un climat de frayeur et même de panique. Dès que les citoyens de Liberty voient se pointer les James boys, chacun se barricade chez lui et les rues de la ville sont abandonnées aux chahuteurs que l'on suppose en état d'ivresse. C’est le but recherché par Jesse. Parallèlement à cette ruse, le jeune chef réunit ses amis en conférence secrète pour leur faire un briefing des opérations futures. Le jeune homme vient en effet d'inventer, pour la première fois au monde, un nouveau genre de crime : l'attaque de banque. À cette époque, les banques – symboles de la puissance et de la richesse des citoyens les plus honorables – étaient encore une institution sacro-sainte, entourée du respect général et d'une aura quasi superstitieuse. La première banque américaine qui reçut la visite du gang James fut la Clay County Savings and Loan Association, siégeant à Liberty, qui n'était pas éloignée de plus d'une douzaine de miles de la ferme familiale où les James avaient établi leur QG. Un honneur dont cet établissement se serait bien passé. Mais Jesse tenait à se faire la main contre une banque qu'il connaissait de vue.

Le jour de cette première – le 14 février 1866 (Jesse a 19 ans) –, tout se déroule conformément au plan minutieusement mis au point. Seul le blizzard n'avait pas été prévu, mais il se fait le complice des malfaiteurs. Les cavaliers font irruption dans la ville en poussant leurs cris habituels et en déchargeant leurs pistolets vers le ciel ; les citoyens s'enferment chez eux, et en moins de cinq minutes, 60 000 dollars passent des coffres de la banque dans le sac en toile de jute amené par l'un des gangsters. C'est le début d'une longue série d'exactions, dont la liste serait fastidieuse. Un bilan très approximatif fait état, pour les années 1866 à 1881, de onze banques pillées, de sept trains et trois diligences attaquées, auxquels il faut ajouter le vol de la caisse d’une foire commerciale. À leur actif pour toute cette période : vingt-six raids audacieux qui leur rapporteront plus de 500 000 dollars (à l'époque, le salaire moyen d'un travailleur américain était d’un dollar par jour). Le tout au prix de seize meurtres. Leurs attaques à cheval paralysent des villes entières. Et chaque fois, leur coup fait, les bandits s’évaporent dans la nature avec une aisance diabolique. Ces anciens guérilleros appliquent largement à leur profit toutes les techniques qu’ils ont apprises pendant la guerre entre le Nord et le Sud. On peut se demander comment un gang de cette importance a pu sévir aussi longtemps sans rencontrer de véritable résistance. À leurs débuts, les James bénéficiaient de l’effet de surprise : jamais jusque-là une banque n’avait été attaquée en temps de paix. Et la police était encore très mal organisée. Il faut se rappeler qu'à l'époque, le Missouri était un état naissant, peu peuplé, où les rares policiers étaient impuissants à faire régner l'ordre sur un territoire aussi vaste (180 000 km2). Et l’on peut aussi comprendre que ces fonctionnaires, chichement rétribués, montraient un enthousiasme modéré à risquer leur vie en se frottant à d’aussi dangereux lascars que les James et ses boys.

Plus que jamais, Jesse devient un homme traqué, qui ne se déplace plus que sous un faux nom. Il n’emmène que deux complices avec lui, ceux en qui il a encore confiance, Bob Ford et son frère Charlie. Avec eux, il revient un soir dans la petite maison qu'il a louée à Saint-Joseph, où l’attendent sa femme et ses deux enfants. Auprès des siens, il a l'habitude de se débarrasser de ses pistolets et de sa cartouchière. Bob et Charlie, les deux compères qui l'accompagnent, ont compris que l'occasion est trop belle. Alors que Jesse est occupé à accrocher un cadre au mur, dans son dos, Bob dégaine son pistolet (que Jesse lui avait offert) et tire presque à bout portant. La balle arrachera presque la moitié du crâne de Jesse, qui s'effondre dans une mare de sang au pied de sa veuve terrifiée. Les frères Ford s'en vont aussitôt réclamer les dix mille dollars de récompense au gouverneur. Mais il faut aussitôt protéger les deux dénonciateurs contre la réaction de colère de cette part de la population pour qui Jesse fait encore figure de héros. Bob Ford, le tueur de Jesse, sera d’ailleurs abattu un peu plus tard dans un saloon par un ancien policier. Charlie, son frère, se suicidera de remords.

Pour en savoir plus

Mathilde

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