Exténué et incertain de son avenir, l’astronaute d’Apollo 11 fait face à ses propres démons.
A son retour sur terre après un voyage historique à bord d’Apollo 11, Buzz Aldrin éprouve ne sait que répondre à la question qu’on lui pose un peu partout pendant des mois : « Comment c’était sur la lune ? ».
Il l’a d’abord décrite, en première impression, comme une « magnifique désolation ». Il réalise à présent, comme il le rappellera plus tard dans ses mémoires du même titre, qu’il n’a aucune réflexion profonde à partager avec le public, il ne trouve pas les mots pour décrire à quel point cette expérience a changé sa vie.
Alors qu’il parcourt le globe, en tournée avec ses compagnons de voyage Neil Armstrong et Michael Collins, sans avoir la moindre idée de ce qu’il pourrait un jour faire de mieux que marcher sur la lune, il se rend compte que les mots « désolation magnifique » décrivent parfaitement son état d’esprit.
Au début, Buzz Aldrin apparait lors des ticker-tape parades – parade tenue dans un centre urbain, qui consiste au lâcher de grandes quantités de morceaux de papier depuis les fenêtres, créant un effet triomphal visuellement similaire à une tempête de neige – et des conférences aux côtés des chefs d’État, mais l’épuisement se fait ressentir vers la fin de l’année 1969. Les tournées et les discours étant déjà prévus pour 1970, il commence à se sentir comme un pion publicitaire utilisé par la NASA.
Plusieurs opportunités se présentent ensuite à lui : il rejoint le conseil d’administration de la compagnie d’assurance Mutual of Omaha en février 1970 et aspire, au printemps de la même année, à organiser une « conférence sur la représentation de la jeunesse » qui offrirait aux étudiantes et aux étudiants un forum d’échange sur leurs opinions politiques.
Ces activités se révèlent toutefois insuffisantes, provoquant en lui un sentiment d’insatisfaction ou d’échec, si bien qu’après avoir servi près de 20 ans dans l’Air Force puis 7 à la NASA, le militaire réalise qu’il est au bord gouffre. « Je voulais reprendre mes fonctions, mais aucune fonction de m’attendait », écrit-il dans ses mémoires.
« Je n’avais ni but, ni vocation, ni projet qui méritait que je m’implique. »
Déprimé, Buzz Aldrin se met à boire davantage, certains jours sans prendre la peine de quitter son lit, et met son mariage en péril en cherchant du réconfort dans les bras d’une autre femme.
Buzz Aldrin commence ses nouvelles fonctions en tant que commandant à l’école des pilotes d’essai de la base aérienne Edwards en Californie. Il est déterminé à prendre la direction de l’Académie de l’armée de l’air, sans expérience de pilote d’essai aucune, mais peu importe, c’est le nouveau départ qu’il attendait.
Mais ce renouveau ne dure pas, et l’astronaute se retrouve à nouveau envahi par les redoutables sentiments d’impuissance et de désespoir, accompagnés cette fois de douleurs au dos et dans la nuque. Il se confie alors au chirurgien de la base, qui le redirige vers un second médecin du Brooks Medical Centre à San Antonio, au Texas.
En quittant la base pour s’enregistrer au Centre, prétendument pour des douleurs physiques, l’opportunité se présente enfin pour le militaire de s’ouvrir sur le sentiment d’errance / de désorientation qui l’envahit depuis maintenant deux ans et de déterrer des problèmes plus profonds comme la pression de plaire à son père et les antécédents de déséquilibre mental dans sa famille, notamment le suicide de sa mère et de son grand-père.
Cette expérience est révélatrice, mais il n’est pas encore près à explorer le problème qui va de pair avec la dépression – celui qui le poussera à cacher une bouteille de Scotch dans sa valise pour le voyage.
Il retourne à Edwards à la fin de l’automne dans un meilleur état d’esprit, mais quelques essais de choc scelleront son destin dans cette école, et il accepte de quitter son poste de commandant après neuf mois de fonction.
Peu avant de se retirer officiellement de l’Air Force le 1er mars 1972, Buzz Aldrin révèle publiquement ses difficultés dans un article pour le Times de Los Angeles intitulé « Troubled Odyssey – ‘Buzz’ Aldrin’s Saga: Tough Role for Hero. » (Traduit littéralement : « Odyssée troublée – la saga de Buzz Aldrin : moments difficiles d’un héros »)
C’est une décision très courageuse – rares sont les personnalités publiques qui seraient prêtes à faire ce genre d’aveu au début des années 1970, s’agissant en particulier d’un homme avec un passé militaire de cette trempe. Mais les lettres d’encouragement qu’il a reçues le touchent et il décide de servir dans le conseil d’administration de la National Association for Mental Health (NAMH). À la suite de cette décision, il récolte également des bénéfices financiers en signant un contrat de publication avec Random House.
Paru en octobre 1973, Return to Earth apporte son lot de conséquences. Le livre comprend le récit de ses infidélités, ce qui non seulement forcera son départ de la compagnie d’assurances mais augmentera également la pression subie par sa femme, Joan, qui non sans ignorer cette histoire, ne sera guère enchantée de devoir constamment revenir sur le sujet pour la presse. Le couple divorce vers la fin de l’année 1974, peu après que le père de Buzz Aldrin est décédé.
Buzz Aldrin était alors le président national de la NAMH, grâce à laquelle il a fait le tour du pays pour partager son expérience personnelle de la dépression. Toutefois, au même moment, ses problèmes de boisson deviennent incontrôlables, il est donc trop instable que pour remplir ses engagements.
Poussé par sa nouvelle petite amie Beverly, il s’enregistre dans un centre de réadaptation pour personnes alcooliques en août 1975. Ce séjour de 28 jours lui permettra d’ouvrir les yeux sur l’ampleur de son addiction, mais sera loin d’être suffisant pour le guider sur la voie stable de la guérison.
Lui et Beverly se marient à la Saint-Sylvestre de 1975, une union qu’il décrit comme « un mariage tumultueux dès le début ». La situation s’améliore toutefois au printemps : parallèlement à la diffusion de l’adaptation en film de Return to Earth en mai 1976, Buzz Aldrin participe au banquet « Operation Understanding » à Washington, aux côtés d’autres célébrité qui s’autoproclament « alcooliques sous contrôle ».
Seulement, il succombe rapidement à ses vieux démons, ce qui l’amènera à sa première participation aux Alcooliques anonymes (AA). Il connaitra son deuxième divorce à la fin de l’année.
L’AA lui apporte un soutien solide, ou du moins l’un des membres lui offre son aide pour trouver un emploi comme vendeur de Cadillac à Beverly Hills. Malheureusement, son honnêteté envers les clients l’handicape complètement dans la vente, il passe le plus clair de son temps à signer des autographes et à régaler la clientèle avec des anecdotes sur son travail à la NASA.
Il touche le fond lorsqu’il est arrêté pour avoir défoncé la porte de l’appartement de sa petite amie, en état d’ivresse. Dégouté de lui-même pour être retourné à la case départ, il arrête définitivement l’alcool en octobre 1978.
D’autres difficultés et peines de cœur suivront, mais à la suite de cette décision, Buzz Aldrin retrouve un but dans sa vie, celui d’aider les alcooliques en voie de guérison, en écrivant, en contribuant en permanence au programme spatial américain, et, enfin, en se faisant symbole de la grande ère de l’exploration spatiale qui lui imposa un jour un fardeau bien trop lourd à porter.
V.M.
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