Aux XIIe et XIIIe siècles se répandit en Europe catholique un grand nombre d'hérésies. En France, la plus importante par le nombre de ses adeptes est celle des cathares ou Albigeois, qui se développa surtout dans le Languedoc. Stricto sensu, le terme « cathare » (« pur » en grec) s'appliquait seulement au Moyen Âge aux hérétiques de la Rhénanie et de l'Italie.
Les Albigeois, qui rejetaient le monde visible, non conforme à l'évangile, étaient dualistes. Croyant à la coexistence et à la lutte éternelle du bien et du mal, ils pensaient que le monde et toute l'organisation sociale étaient inspirés par le mal, particulièrement l'Église. Le mal était identifié à la matière dont l'homme devait se détacher à tout prix. Ils croyaient en la métempsycose, à savoir que l'âme d'un défunt qui n'avait pas été baptisé ne pouvait accéder au Royaume des cieux et se réincarnait dans le corps d'un humain ou d'un animal. D'où l'interdiction de tuer des animaux et de manger de la viande. Les cathares qui s'engageaient à un renoncement total étaient les « parfaits », vivant dans l'ascèse, le célibat et la pauvreté absolue.
Succès du catharisme
Le comte de Toulouse en témoigne ainsi :
« L'hérésie a pénétré partout ; les prêtres eux-mêmes cèdent à la contagion ; les églises sont désertes et tombent en ruines ; les personnages les plus importants de ma terre se sont laissé corrompre et la foule a suivi leur exemple et abandonne la foi, ce qui fait que je n'ose ni ne puis réprimer le mal. »
Observance rigoureuse
Entre eux, les parfaits se nommaient « bons chrétiens » ou « bons hommes ». Ils devaient porter une barbe, un bonnet rond et des vêtements noirs. L'évangile de saint Jean était suspendu à leur ceinture dans un étui de cuir ; de même, une marmite personnelle, pour éviter d'utiliser les récipients qui auraient servi à préparer des aliments avec de la graisse animale, interdite par leur règle. Pour eux, l'absolue continence était de rigueur, et, pour les simples Albigeois, seulement en dehors de la fécondation maritale. Comme ils étaient amenés à fréquenter beaucoup de femmes lors de leurs voyages, il leur était aussi défendu d'effleurer leurs jupes et de s'asseoir à leur côté.
Respect des poux
Contrairement à la riche bourgeoisie languedocienne du XIIIe siècle, qui habitait dans des maisons cossues et aérées, la noblesse cathare vivait dans des châteaux inconfortables, humides et froids, propices à la prolifération de bestioles comme les poux. Le soir, sur les hautes terrasses, les dames coquettes — qui se fardaient excessivement — épouillaient tendrement leur mari en devisant d'amour, tout en veillant à leur laisser quelques poux, puisque leur présence était signe de bonne santé.
On ne chipote pas avec l'Inquisition
Pour accuser un homme de catharisme et donc le condamner pour hérésie, il suffisait aux inquisiteurs d'exiger qu'il tue un animal et le mange, attitude interdite par la secte. C'est ainsi qu'en 1260, aux inquisiteurs qui ordonnèrent à un présumé cathare de tuer un coq, celui-ci refusa sous le prétexte que cet animal ne lui avait rien fait et qu'il n'avait pas faim. Il fut envoyé illico au bûcher...