Quand Berthe prenait son grand pied...
Pépin le Bref épousa Bertade, qui donna naissance à Charlemagne en 1742, 1747 ou 1748 dans une localité non précisée par les sources d’époque, à Herstal (dans l'actuelle banlieue liégeoise) selon la tradition la plus vraisemblable. La plupart des textes qualifient la reine de Berthe aux grands pieds, la vérité étant au grand pied, car un de ses pieds était plus grand que l'autre. Alors quand elle le prenait...
Un autre pied
Les indications sur la taille de l'empereur sont imprécises. Selon Eginhard, Charles « mesurait sept fois la longueur de son pied ». Nous ne connaissons hélas pas sa pointure. S'il s'agit de l'unité de mesure, elle a varié selon les régions. Si c'est le pied romain, qui équivaut à 29,6 cm, Charles mesurait 2,07 mètres. Si c'est le pied grec (30 cm), le roi franc atteignait 2,10 mètres. Si c'est le pied franc, équivalant à 32,48 cm, Charles dépassait les 2,27 mètres ! Mais Eginhard affine son indication en ajoutant que l'empereur n'excédait pas la juste mesure. Bref, sans aucun rapport avec son nabot de père, il devait approcher les deux mètres.
Barbu « or not » barbu ?
Les représentations figurées de Charlemagne sont trop rares pour donner une idée précise de son physique. Une mosaïque de la basilique Saint-Jean-de-Latran le montre aux côtés de saint Pierre et du pape Léon IV, imberbe, la bouche seulement garnie d’une épaisse moustache, ce que confirme une statuette équestre de la seconde moitié du IXe siècle, provenant de la cathédrale de Metz et aujourd'hui conservée au Louvre. La barbe, symbole de dégénérescence depuis les derniers Mérovingiens, était contraire à l'usage franc qui voulait qu'un homme eût le menton glabre. L'empereur à la « barbe fleurie » est donc probablement une légende entretenue plus tard par la littérature médiévale, à une époque où on ne pouvait concevoir un personnage éminent sans barbe. L'adjectif « fleurie » découle en fait du vieux français flori qui signifie blanc.
Conversion chrétienne en douceur...
Pour imposer le christianisme à la Saxe récemment conquise, après une lutte impitoyable entre 772 et 804, Charles fit décapiter 4 500 otages à Verden et appliqua en 785 l'implacable Capitulaire des Saxons :
« Quiconque, par mépris pour le christianisme, refusera de respecter le saint jeûne de carême et mangera alors de la chair sera mis à mort. Quiconque livrera aux flammes le corps d'un défunt, suivant le rite païen, et réduira ses os en cendres sera mis à mort. Tout Saxon non baptisé qui cherchera à se dissimuler parmi ses compatriotes et refusera de se faire administrer le baptême sera mis à mort. Quiconque manquera à la fidélité qu'il doit au roi sera mis à mort. Tous les enfants devront être baptisés dans l'année. »
Les yeux dans les yeux
Le jour où il apprit que des nobles complotaient contre lui, Charles s'emporta, mais leur accorda le pardon. Il les envoya prier à l'église voisine et leur promit même qu'ils ne le verraient jamais plus en colère ensuite. Il tint parfaitement sa promesse, car à la sortie du sanctuaire, des soldats leur crevèrent les yeux...