Mais les seigneurs de Neustrie et de Bourgogne ne se trompent pas sur l’objectif inavoué d’un guerrier qui leur fait ombrage et dont ils méprisent d’ailleurs l’origine. Ils lui déclarent la guerre : leur but est de rappeler au trône les héritiers de Clovis.
Dans une bataille que Charles Martel leur livre en 719, près de Soissons, ils sont complètement ratiboisés. Chilpéric II est remis entre les mains du vainqueur. Clotaire, toujours roi de l’Austrasie décède. Charles Martel ne juge pas à propos de le remplacer ; il exerce la mairie du palais avec, comme couverture, ce fantôme impuissant qui a pour nom Chilpéric II.
Toutefois de grands périls se présentent à lui. D’un côté, ce sont les grands du royaume qui aspirent de toutes parts à leur indépendance ; de l’autre, ce sont les Saxons, les Frisons, les Bavarois qui refusent de payer le tribut.
Charles Martel réussit à réfréner les seigneurs, puis se tourne contre les peuples voisins. La guerre qu’il mène contre les Frisons ne lui est, au début, pas favorable: son armée essuie une sanglante défaite. Mais, quelques années plus tard, il prend sa revanche. Il remporte sur eux une éclatante victoire et tue de sa propre main Poppon, leur roi. Il sort encore vainqueur de ses confrontations avec les Saxons dont il dévaste le pays. Au décès de Chilpéric II, Charles Martel, toujours fidèle à sa politique, le remplace par Thierry II, fils de Dagobert III, qui s’est retiré à l’abbaye de Chelles (Seine-et-Marne).
Il conduit ensuite ses troupes contre les Bavarois et les défait lors de différents combats. Trois ans plus tard, il marche encore contre eux et achève de les soumettre. Lors de ces diverses guerres, Charles Martel accumule un butin considérable.
Le sommet de sa gloire, Charles Martel va le connaître en sauvant l’Europe de l’invasion la plus formidable qu’elle ait connue depuis longtemps. Les Sarrazins, après avoir ravagé l’Espagne, avancent en France, s’emparent de la ville de Bordeaux et la mettent à feu et à sang. Après ce succès, ils foncent jusqu’à la Loire, sous le commandement d’Abd el Rahman, chef militaire invaincu jusqu’alors. Les populations sont saisies d’effroi et s’attendent d’un moment à l’autre à passer sous le joug de ces infidèles. Tous les espoirs se tournent vers Charles Martel. Il n’y a que lui qui puisse arrêter l’ennemi ; mais il est difficile, à cette époque, de rassembler une nombreuse armée et encore plus de la conduire à une expédition lointaine, surtout de la maintenir longtemps sous les armes. Les trésors de l’État sont vides; les domaines royaux ont été envahis les uns après les autres; les bénéfices ont fondu. Le clergé possède la plus grande partie des richesses et cependant il refuse d’en céder une partie pour sauver l’État. Se moquant bien des ennemis qu’il va se faire, Charles Martel dépouille le clergé et comble de dons les guerriers, achetant ainsi d’avance leurs services.