Son nom est souvent rapproché de celui des premiers grands pionniers du rock. Chuck Berry, ce guitariste noir, pur produit du sud profond, a été l’un des premiers techniciens de cette nouvelle musique, à laquelle il a donné ses structures de base, orchestrales et instrumentales.
Son premier succès, Maybellene (du nom d’une vache héroïne d’une berceuse de son enfance), lui a valu d’emblée l’estime et l’admiration des professionnels. Les Beatles et les Stones avoueront plus tard qu’il fut leur premier maître.
Chuck, s’il n’est pas véritablement un showman de la dimension d’un Elvis Presley, est en revanche l’un des premiers à mettre à profit toutes les ressources de l’électronique dans le domaine musical. Son orchestre ressemble à une véritable petite usine acoustique, munie d’amplis spécialement fabriqués par ses soins et de chambres d’écho sophistiquées.
Il fut aussi l’un des premiers à proposer à son public en extase de nombreuses trouvailles scéniques, notamment son jeu de jambes et la façon de pointer sa guitare vers l’assistance comme une arme dont il va tirer des salves.
Mais, plutôt que la scène, Chuck Berry a toujours préféré les enregistrements en studio où il pouvait recourir à toutes les ressources des techniques modernes. On l’a vu un jour s’enfermer dans une cage parfaitement isolée pour interpréter des compositions particulièrement élaborées.
Né à Saint-Louis, Missouri, le 18 octobre 1926, de parents musiciens (une mère soprano et un père basse), le jeune Chuck avait été très vite attiré par la composition musicale, bien qu’il eût hésité un moment entre les métiers de coiffeur et de photographe.
Une longue série de « hits » en ont fait l’un des multimillionnaires du disque en même temps qu’une sorte de professeur de musique rock. Sa carrière connut néanmoins une sérieuse éclipse entre 1958 et 1963 lorsqu’il eut à purger une peine de cinq ans de prison ferme pour fraude fiscale, mais aussi pour détournement de mineure. L’un de ses passe-temps favoris était de placer des caméras dans les toilettes des femmes.
C’est dans sa magnifique propriété de « Berry Park » à Saint-Louis : un centre d’attractions d’une centaine d’hectares, avec restaurant, night-clubs, drugstore et shopping center, le tout agrémenté d’un circuit intérieur de télévision, qu’il passe principalement les dernières années de sa vie.
Ses derniers concerts l’avaient révélé au bout du rouleau. Lors de son ultime apparition sur scène, à 84 ans, le 1er janvier 2011 à Chicago, il afficha un comportement erratique et sa prestation dut être prématurément interrompue.
Le 18 mars 2017, à l’âge de 90 ans, le musicien fatigué s’en est allé. Avec, sans doute, au fond de l'âme le souvenir de cette époque où, en 1958, Jerry Lee Lewis bouta le feu à son piano, suite à une dispute sur scène pour savoir qui des deux clôturerait le spectacle, l’organisateur ayant tranché en faveur de Berry.
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