Le contraceptif au cours des âges

Comment s’envoyer en l’air sans se retrouver très vite mère ou père de famille nombreuse ? Comment avoir des enfants quand on le désire et avec qui on le désire ? Tout au long de l’Histoire, nos ancêtres ont cherché le moyen d’éviter les grossesses intempestives et les risques qui y sont liés, avec un succès très relatif. Jamais à court d’imagination, l’homme va ainsi tester toutes sortes de méthodes, plus ou moins empiriques. Dans la Grèce antique, les femmes se badigeonnent avec un onguent à base de plomb ou d’encens mélangé à de l’huile d’olive, alors que chez les Romains, on croit dur comme fer aux vertus de l’eau froide. Chez les nobles, un esclave accourait d’ailleurs après chaque rapport sexuel pour effectuer une douche vaginale.

 

 

Testicules de belette et urine de taureau

 

Dans la plupart des cas, on s’en doute, ces pseudos méthodes contraceptives font surtout appel à une bonne dose de croyance ou de magie. Pour qu’une femme ne tombe pas enceinte, il suffit, pensent les Grecs de l’Antiquité, qu’elle retienne son souffle après l’éjaculation afin de fermer sa cavité utérine. On lui conseille aussi de se lever et d’éternuer, puis de se laver la vulve avec soin. On ne compte plus évidement les amulettes, potions et recettes diverses susceptibles de préserver les femmes d’une grossesse intempestive. C’est ainsi que l’urine d’eunuque ou de mulet est censée rendre stérile ou qu’on conseille à une femme qui ne veut pas concevoir d’enjamber les menstrues d’une autre femme ou de s’en oindre le corps… Certaines de ces techniques farfelues sont même recommandées par des médecins réputés. Galien, célèbre anatomiste et thérapeute, recommandait ainsi aux femmes désireuses de ne pas concevoir de porter en elles des testicules de belette, liées par une peau d’oie. Pour que la méthode marche, il fallait cependant que l’animal reparte vivant après l’ablation de ses parties ! Au Moyen Âge, la réprobation religieuse qui entoure la contraception n’empêche pas une foule de recettes de voir le jour. Cela va du trognon de chou qu’on doit enflammer et éteindre dans le sang menstruel à l’œil de cerf qui louche, qu’on lie à une racine de marjolaine et qu’on arrose, le soir, avec l’urine d’un taureau roux. Les moins patientes et les plus adroites pouvaient se contenter de cracher trois fois dans la bouche d’une grenouille.

 

 

 

Cocaception

 

Certaines méthodes n’étaient pourtant pas dénuées de bon sens. Les Mésopotamiennes de l’Antiquité ont ainsi probablement inventé l’ancêtre du stérilet, elles qui glissaient des pierres rondes ou allongées au fond de leur vagin pour ne pas concevoir. Très vite aussi, on s’est aperçu qu’on pouvait empêcher une grossesse en plaçant une barrière au niveau du col de l’utérus pour bloquer les spermatozoïdes. C’est le principe de la cape cervicale. Les premières formes de cape furent des moitiés de fruit évidé que les femmes utilisaient pour recouvrir le col. Casanova, un peu intéressé sans doute, en fit d’ailleurs publiquement la promotion. Les femmes se servirent également de diverses éponges et de tampons d’ouate, imbibés de substances acides ou de produits astringents pour tenter d’inactiver le sperme. Les prostituées, elles, préféraient recourir à un tampon vaginal imbibé d’« eau seconde », une lessive de potasse ou de soude dont on montra plus tard les réelles vertus spermicides. Il faudra pourtant attendre le XIXe et surtout le XXe siècle pour que naisse une véritable contraception fiable, dont le préservatif et la pilule. Cela n’empêchera pas certaines méthodes farfelues de se perpétuer. Ce n’est par exemple qu’avec l’avènement de la pilule qu’on voit disparaître les douches vaginales au Coca-Cola chez les jeunes Américaines !

 

Contraceptif pharaonique

 

 

Le plus ancien document parlant de contraception est un papyrus égyptien daté de 1 500 avant J-C. On y trouve la description de « contraceptifs » à base de pâte de levain, de miel, d’excréments de crocodile, de natron (carbonate de soude naturel), mélangés à de la gomme arabique ou à des fleurs d’acacia fermentées, le tout en application vaginale ou sous forme de suppositoires ! On recommandait aussi d’enduire le sexe du partenaire masculin d’une pommade d’acacia pilé avec du miel, ce qui n’était peut-être pas désagréable, mais sûrement pas très efficace.

 

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