Que sait-on de la vie amoureuse des hommes et des femmes préhistoriques ? S’envoyaient-ils seulement en l’air ? Oui, sinon nous ne serions pas là pour en parler !
Le sexe jouait en fait un rôle considérable dans la vie des hommes et des femmes préhistoriques. Les formidables artistes de cette époque ont ainsi laissé des milliers de gravures et objets à caractère nettement explicite : phallus fièrement dressés, vénus aux croupes et aux seins largement soulignés, vulves stylisées... Un véritable catalogue érotique avant la lettre. Longtemps, ces découvertes mirent d’ailleurs les premiers archéologues dans l’embarras. Pour éviter de susciter la concupiscence ou les réprobations outrées, les représentations de sexes féminin ou masculin furent souvent censurées, voire reléguées dans les réserves des musées. En 1941 par exemple, la fameuse scène de la grotte de Lascaux montrant un bison blessé fonçant tête baissée sur un homme fut reproduite dans un magazine, qui pour l’occasion masqua pudiquement la verge turgescente du protagoniste humain !
Des sexes, il y en a pourtant dans l’art préhistorique, et même beaucoup. La plupart des hommes sont ainsi représentés nantis d’une belle érection. Certains scientifiques ont même calculé que, par rapport aux hommes modernes, Cro-Magnon devait être particulièrement bien membré… Ou très vantard !
Les femmes sont quant à elles quasi toujours représentées nues, souvent ornées de bijoux (résilles, colliers, bracelets), et plus souvent encore enceintes et pulpeuses à souhait, comme pour mieux souligner leur féminité. Ce qui frappe surtout, c’est le nombre de vulves représentées, quand ce ne sont pas d’autres parties du corps féminin. Parfois stylisées à l’extrême par un simple triangle, parfois plus détaillées, on en retrouve des centaines, et cela jusqu’en Russie. Pourquoi autant ? On ne sait pas. Peut-être parce que ceux qui les ont dessinées étaient des hommes, tout simplement.
Exit en tout cas l’idée que les scènes de nus plus ou moins artistiques seraient une invention moderne. Les premières représentations à caractère sexuel datent carrément du Paléolithique ! Le plus ancien coït dessiné aurait au moins 12 000 ans. Plus vintage que ça... Depuis qu’il grave la pierre, l’os de mammouth ou le bois de renne, Homo Sapiens gribouille donc des personnages dénudés. Était-il pornographe avant l’heure ? Vouait-il plus simplement une forme de culte à la fécondité ? Nul ne le sait. Dès la naissance de l’art pariétal, voire avant, on voit en tout cas apparaître les premiers objets ouvertement suggestifs. À partir du Paléolithique supérieur, il y a entre 35 000 et 10 000 ans donc, les images érotiques vont commencer à se multiplier. Des milliers de gravures, dessins et objets à caractère nettement sexuel ont ainsi été recensés. Certains objets, sculptés en os ou en corne, sont tellement réalistes qu’on se demande s’ils ne sont pas les ancêtres des godemichés.
Fait curieux : parmi toutes ces images, les hommes sont largement sous-représentés et, quand ils le sont, leur phallus en érection est souvent le seul détail morphologique un tant soit peu détaillé. Rien à voir avec le traitement artistique réservé aux femmes. Non seulement les modèles féminins de la préhistoire sont plus beaux et plus nombreux, mais Cro-Magnon s’est aussi ingénié à en restituer avec soin les caractères sexuels et même à les accentuer : seins surgonflés, fesses et hanches callipyges, pubis rebondi... En témoignent ces merveilleuses Vénus préhistoriques justement, dont quelque deux cents cinquante exemplaires ont été retrouvés un peu partout en Europe, et ce jusqu’en Sibérie.