De la nécessité de ne pas vendre la peau de l’ours…

 

Malgré les affirmations de tous les ministres de la guerre de tous les pays du monde et de tous temps, il est bien rare qu'une armée et ses combattants soient prêts à la guerre.

Rappelons nous du ministre Edmond Le Boeuf qui déclara devant la représentation nationale à l'occasion de la déclaration de guerre Franco-Allemande de 1870 : « Nous sommes prêts et archiprêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats ». Nous savons ce qu'il est advenu à la malheureusement armée du Second Empire...

Mais s'il y a une armée à travers l'Histoire ne répond pas à cette adage, c'est bien l'armée allemande, transfiguration de l'armée prussienne avec toute sa rigueur et son efficacité légendaire.

Ainsi le 3 août 1914, lors de l'éclatement de la première déflagration mondiale, tout est prêt outre Rhin. Les boutons sont rutilants et les armes particulièrement bien fourbues ! Le plan du vieux général von Schlieffen a été maintes fois remanié par von Molke. On n'a pas peur, pour vaincre l'ennemi héréditaire français, de violer la neutralité de la malheureuse Belgique ainsi que celle du petit grand duché du Luxembourg !

L'anéantissement de la France ne saurait tardé et, si les Français pensent passer noël à Berlin, les Allemands envisagent plutôt eux de fêter la Toussaint dans Notre Dame de Paris ! Et les débuts sont prometteurs ! Le colonel John « Hannibal » Smith de l'Agence tous risques aurait particulièrement apprécié le début de ce plan qui se déroule sans accros.

Mais voilà, la marche vers Paris va être stoppée nette par une attaque de flanc de l'armée française et sa victoire lors de la première bataille de la Marne (5 au 12 septembre 1914).

Et voilà le plan qui s'effondre... Ainsi le centenaire de l'entrée des troupes coalisées dans Paris en 1814 ne pourra pas avoir lieu... De même, la galerie des glaces restera fermée aux touristes Allemands contrairement à 1871 !

Mais alors que faire ? Que faire de cette belle préparation de l'armée de l'empereur Guillaume II qui avait été jusqu'à dessiner et frapper dès août 1914 une jolie médaille à remettre à tous ces valeurs combattants pour leur entrée triomphante dans la capitale française ?

Cette médaille porte à son avers l'arc de triomphe et la tour Eiffel (deux des bâtiments les plus emblématiques de Paris), la devise en exergue « Einzud D. Deutschen Truppen in Paris » (entrée des troupes allemandes dans Paris) et surtout au dessus de l'arc de triomphe, un soleil rayonnant portant les années 1871 et 1914... Son revers porte la Croix de Fer, symbole de vaillance et de bravoure avec en exergue « Nach Innen Geschlossen – Nach Aussen Entschlossen » que nous pouvons traduire par Encerclé mais prêt à conquérir !

Peut-être que la préparation de l'armée allemande n'aurait pas dû être poussée jusqu'à cette extrémité ? L'expression qui dit qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué trouve ici sa réalisation !

Et en ce qui concerne l'entrée des Allemands dans Paris, l'adage qui dispose qu'il n'y en a pas deux sans trois ? Qu'en fait-on ? Et bien malheureusement lui aussi trouve sa réalisation... Mais non en 1914, ce sera pour le 14 juin 1940. Ce fois-ci, nos amis Allemands auront été plus prévoyant et aucune médaille n'aura été frappée.

Auteur : Antoine Bruneau

 

 

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