Dans les années 30, Dewé, inquiet, se tient informé de la situation internationale et deux jours seulement après avoir appris l’attaque de la Pologne il sonne le rappel de ses anciens comparses et son Corps d’observation est immédiatement remis sur pied. Son nouveau réseau s’appellera désormais Clarence. Le « Special Intelligence Service » est de la partie. Les Anglais fournissent des radios et des centres d’émissions sont créés à Liège, Bruxelles, Namur et Marche.
Le 8 mai, le réseau de Dewé tient informés Belges, Français et Britanniques des préparatifs allemands. D’heure en heure, ils communiquent que les Allemands abattent les haies, qu’ils dégagent les routes de tous les obstacles et se dirigent vers les frontières belges et hollandaises. Deux jours plus tôt, Dewé avertissait de ce qui allait se passer le 10 et qui pourtant « surprit » tout le monde.
Dewé, pourtant arrivé à l’âge de 62 ans, passe en permanence d’un endroit à un autre, ne dort jamais deux fois à la même place, coordonne les activités de chacun, fait parvenir sans arrêt des rapports à Londres. Rien ne l’empêche de mener à bien la mission qu’il s’est assignée, ni son fils prisonnier en Allemagne, ni, plus tard, la mort de sa femme, ni même la déportation de ses deux filles à Ravensbrück dont une ne reviendra jamais. Plus le temps passe et plus il sent que l’étau se resserre sur lui. Le 13 janvier 1944, on l’informe qu’une des femmes membres de son groupe, déjà active en 14, est sur le point de se faire arrêter. Il se rend chez elle à Bruxelles, c’est la sortie de trop. Les Allemands investissent la maison et arrêtent Dewé.
Ce jour-là, il a des papiers au nom de Muraille. On l’emmène dans la rue pour le faire monter dans une voiture. C’est le moment que choisit Dewé pour tenter le tout pour le tout, se dégager et s’enfuir. Mais dans sa course, il se dirige tout droit vers un officier de la Luftwaffe qui passe par hasard par là et qui l’abat froidement. C’est ainsi que le 14 janvier 1944, un an après la mort de son épouse, une semaine après l’arrestation de ses filles, Walthère Dewé décède sur un trottoir de Bruxelles.
Même mort, Dewé se joue encore de l’occupant puisque ceux- ci ne sauront jamais qui était réellement ce "Muraille" et qu’ils venaient d’éliminer un de leurs plus redoutables adversaires !