À travers son existence, l’Histoire de l’île de Pâques a été influencée par les migrations, l’évolution de sa culture, les guerres entre tribus et la décimation quasi totale de sa population.
Il y a environ 750 000 ans, trois volcans convergent afin de former l’île de Pâques, également appelée Rapa Nui, localisée près des côtes chiliennes. Entre 300 et 700, des Polynésiens parcouraient la mer au sein de canoés larges et solides en se guidant grâce aux étoiles. C’est comme cela qu’ils ont fini par jusqu’à trouver l’île. Elle est recouverte de verdure et les nouveaux arrivants y ont emporté leurs propres ressources : des plants de mûriers à papier, des poulets, des rats, des cannes à sucre et du taro afin de pouvoir la rendre cultivable.
Environ dix siècles après, l’île est découverte par l’explorateur néerlandais Jakob Roggeveen alors qu’il était à la recherche du continent Terra Australis. Il décide de l’appeler l’île de « Pâques ! » d’après le jour où il l’aurait découverte. Roggeveen décrit les habitants de l’île comme ayant une grande variété de couleurs de peau, certains avec des lobes d’oreilles si étirés qu’ils touchaient leurs épaules. Dans ces lobes, ils portent parfois de larges palais. Lorsque James Cook visite l’île en 1774, les artistes qui l’accompagnent décrivent aussi les habitants comme ayant de grandes oreilles, se parant aussi de couvre-chefs à plumes et de coquillages.
Un visiteur tahitien au XIXe siècle serait à l’origine du nom « Rapa Nui », la forme de l’île lui rappelant celle de Tahiti appelée « Rapa », mais plus grande, d’où le « Nui ». L’île comptait une multitude de forêts de palmiers sans qu’il n’y ait de rivières ou lacs, les cratères volcaniques pouvaient garder l’eau de pluie.
Les habitants de l’île, aussi appelés Rapa Nui, suivaient un système de castes et de clans, dirigés par un grand chef aussi appelé « ariki mao ». Les arikis étaient choisis à la suite de compétitions dangereuses. Ils régnaient un an jusqu’à ce que de nouveaux gagnants prennent leurs places. Sur l’île, il y avait deux catégories de personne : ceux ayant des oreilles longues et ceux ayant des oreilles courtes. Selon une théorie développée par l’anthropologue norvégien Thor Heyerdahl, les habitants aux longues oreilles seraient des Péruviens qui auraient été les premiers à s’être installés sur l’île, les habitants aux oreilles courtes seraient arrivés ensuite, se seraient révoltés et auraient éliminé la majorité de leurs opposants.
Durant l’âge d’or de leur civilisation, les Rapa Nui étaient environ 12 000. Ils s’alimentaient principalement grâce à la pêche et érigèrent de larges statues appelés Moai sur la côte, ils en restent environ 900 actuellement. Elles mesurent un peu plus de 9 mètres et font en moyenne 80 tonnes. Les statues ne sont pas uniquement des têtes, mais elles ont un corps entier qui est parfois enterré de manière que seule la tête soit visible. Les premiers européens arrivés observèrent que les locaux avaient pour habitude de s’agenouiller les mains jointes face au Moai et ils les décoraient lors des cérémonies.
Le système d’écriture des Rapa Nui se caractérisait par des glyphes connus sous le nom de Rongorongo. Ces glyphes sont uniques au monde : seules les élites comme la classe dirigeante étaient capables d’écrire et de comprendre ce langage.
Les premiers arrivants avaient entrepris une déforestation importante de l’île afin de construire des bateaux, des maisons, des temples et des moyens de transport aux Moai au point qu’il n’y avait plus suffisamment d’arbres. Les constructions devenaient donc moins solides. En plus de cette problématique environnementale, il y avait beaucoup de conflits entre les clans qui se détruisaient les uns les autres. Ils se volaient des terres et renversaient leurs statues. Lorsque Roggeveen arrive 1722, l’île n’a plus d’arbres et beaucoup de statues ne sont plus dans leur état initial. Il découvre un peuple en voie d’extinction, dont la population a perdu son histoire et sa culture.
Le premier contact avec les Européens fût difficile. Lorsqu’un des locaux a essayé de prendre l’arme d’un marin, les Européens ouvrirent le feu et en tuèrent 12. Malgré cet événement, les deux partis se réconcilièrent et Rapa Nui devint une zone portuaire pour les voyageurs et les baleiniers. Malheureusement, les Européens commencèrent à voir les locaux comme une source de main-d’œuvre. Les visiteurs enlevaient des locaux pour les forcer à rejoindre leurs équipages tandis que les femmes étaient contaminées par des maladies sexuellement transmissibles, transmises par les Européens. La population locale est en déclin et condamnée à disparaître lorsque les marchands d’esclaves arrivent en 1860, afin de vendre les Rapa Nui en Amérique du Sud. Il faudra attendre que l’opinion publique se lève au Pérou pour que le gouvernement abolisse l’esclavage et accepte de rapatrier les Rapa Nui sur leur île. En 1877, il restait environ une centaine d’entre eux et beaucoup de rapatriés vont transmettre la variole à leurs proches. En 2012, ils étaient recensés au nombre de 5 761, principalement des descendants des peuples polynésiens.
E.T.
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