1er juin 1968. Douzième étape de la 51e édition du Tour d’Italie. Gorizia-Tre Cime di Lavaredo, dans les Dolomites. Le col des Tre Cime est situé à 2 304 mètres d’altitude. Le départ de l’étape est donné sous une pluie torrentielle et le maillot rose de leader est porté par Michele Dancelli. À un moment donné, douze coureurs, absolument inoffensifs au classement général, tentent leur chance, s’extraient du peloton et portent leur avance à 9 minutes sur ce dernier. C’est le moment que choisit Merckx, accompagné par le Belge Willy Van Neste, pour s’extraire du peloton et tenter sa chance pour revenir sur les échappés.
En gravissant une pente qui, par moments, atteignait 18%. Durant cet effort, il est victime d’une crevaison. Van Neste ne l’attend pas et poursuit son effort seul. Lorsque l’avance des échappés se réduit à près de 7 minutes, la neige se met de la partie et les conditions climatiques deviennent dantesques. Neige. Gel. Brouillard. Un minimum de visibilité. C’est l’apocalypse et le moment choisi par Merckx pour porter l’estocade finale.
À 4 kilomètres de l’arrivée, le visage givré et couvert de neige, il rejoint Van Neste et a comme objectif de refaire son retard sur les deux leaders du moment, Galera et Polidori, qui possèdent encore une avance de 3 minutes et demie. Il les rejoint et les laisse sur place, avant de franchir la ligne d’arrivée en solitaire et ravir le maillot rose qu’il ne lâchera plus. Eddy Merckx a sans aucun doute réalisé ce jour-là, à 22 ans, l’un des plus hauts faits d’arme de l’histoire du cyclisme et de sa carrière, sur le plan athlétique. C’est-à-dire, rattraper en une douzaine de kilomètres un retard de 10 minutes dans des conditions inimaginables desouffrance et d’abnégation.
L’histoire du Belge Eddy Merckx, considéré comme le plus grand cycliste de l’histoire et surnommé le « Cannibale », est celle d’un petit garçon né le 17 juin 1945, à Meensel-Kiezegen, près de Louvain, qui reçut son premier vélo à l’âge de 4 ans. A 12 ans, élève au Collège Champagnat, à Auderghem, une commune de Bruxelles, il achète son premier vélo de course. Déjà, à cette époque, il se fait remarquer dans son quartier en montant l’avenue qui l’amenait du collège à son domicile pourvue d’une côte de 21% et en position assise. Aucun adulte normal n’en était capable et il dégageait déjà des capacités d’endurance et de souffrance exceptionnelles qui allaient le conduire à une carrière phénoménale par la suite et un bilan époustouflant de 625 victoires, dont 525 sur route.
SON PALMARÈS
– 525 victoires sur route
– 98 victoires sur piste
– 2 victoires en cyclo-cross
Principales victoires :
– 11 grands tours (5 tours de France, 5 tours d’Italie, 1 tour d’Espagne ; 64 victoires d’étape)
– 4 championnats (3 championnat du monde et 1 championnat de Belgique)
– 27 classiques (7 fois Milan-San Remo ; 2 fois le Tour des Flandres ; 3 fois Paris-Roubaix
– 5 fois Liège-Bastogne-Liège ; 2 fois le Tour de Lombardie ; 3 fois la Flèche Wallonne ; 3 fois Gand-Wevelgem, 2 fois l’Amstel Gold Race
– 12 courses à étapes (3 fois Paris-Nice ; 1 fois le Dauphiné Libéré; 1 fois le Grand Prix du Midi Libre ; 1 fois le Tour de Suisse ; 2 fois le Tour de Belgique
– 1 fois le Tour de Romandie ; 1 fois le Tour de Catalogne ; 2 fois la Semaine Catalane)
– Records (recordman de l’heure sur piste en 1972 : 49,431 km ; le plus grand nombre de victoires en une saison : 54 ; le plus grand nombre de victoires au Tour de France : 34 ; 2 fois le plus grand nombre de victoires d’étapes en un Tour de France : 8 ; seul coureur à avoir gagné le maillot jaune, le maillot vert et le classement de la montagne lors du même Tour de France, en 1969.
– Piste (98 succès)
– Cyclo-cross (2 victoires)