Êtes-vous en odeur de sainteté?

Aux dires des spécialistes qui tentent de recomposer en laboratoire les senteurs du corps humain pour mettre au point des produits cosmétiques, chaque peau transmet une odeur particulière en fonction des circonstances et des émotions ressenties, comme la peur, l’angoisse, la passion. La plus recherchée par ces « nez » professionnels est celle que les individus exhalent au moment des ébats amoureux : une fragrance aphrodisiaque, mélange subtil de miel, de musc et de santal.

 

En fait, chaque être humain possède sa propre odeur. Elle est codifiée par son hérédité, ses goûts alimentaires, son émotivité et même sa psychologie. Nos odeurs sont en quelque sorte nos empreintes digitales olfactives, notre carte d’identité intime : attractives pour les uns, répulsives pour les autres. Un phénomène plus largement observé chez les animaux.

 

On a dit du corps d’Alexandre le Grand qu’il dégageait une odeur si agréable que son entourage en était tout décontenancé. Le poète Verlaine reniflait les aisselles de ses bien-aimées, leur trouvant une odeur de pain d’épice. Flaubert respirait amoureusement les mitaines de sa maîtresse Louise Colet. Napoléon, au départ de ses campagnes militaires, demandait à Joséphine de ne pas se laver avant leur retrouvailles, voulant retrouver sur elle l’odeur de musc qui stimulait sa libido.

 

Mais que dire alors des exhalaisons parfumées que dégageaient, de leur vivant et par delà la mort, certains saints et grands mystiques ?

  • Sainte Thérèse d’Avila, par exemple, répandait une odeur corporelle très agréable et toute sa cellule embaumait. Selon les témoins de l’époque, cette senteur suave l’accompagna jusque dans son cercueil. Trois ans après sa mort, lors de la réouverture de son tombeau aux fins de canonisation, le corps était toujours intact et « il en émanait une odeur admirable ».
  • Plus près de nous, Padre Pio, déjà cité au chapitre des stigmatisés, était lui aussi sujet à ce phénomène parfumé : une senteur de fleur d’oranger se répandait dans toute sa maison.
  • Le premier à avoir associé l’idée d’odeur et de sainteté est sans doute l’apôtre Saint Paul qui, dans un épître aux Corinthiens, écrit : « Nous sommes la bonne odeur du Christ ».

 

Selon certaines croyances orientales, toute vie vertueuse s’accompagnerait d’un parfum corporel suave et attractif.

 

À quoi serait due cette odeur mystérieuse, cette « odeur de sainteté » ? Biochimistes et chercheurs restent perplexes. Le phénomène serait peut-être lié à l’état d’extase et de béatitude de ces grands mystiques, eux aussi nantis de pouvoirs « surnaturels ». Sainte-Thèrèse d’Avila et Saint Jean-de-la-Croix n’ont-ils pas été aperçus flottant de concert au plafond de leur carmel, tous deux en profonde méditation ? Le phénomène de lévitation semblerait en effet étroitement lié à une grande « élévation » d’âme.

 

On pourrait dans ce cas en déduire que, si nous faisons aujourd’hui une telle consommation de désodorisants et de lotions parfumées, c’est peut-être pour tenter de dissimuler les effluves malodorants d’une existence trop matérialiste et trop peu spirituelle.

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