Pour combler les caisses du Trésor, et si possible réaliser de gros bénéfices, le roi et ses conseillers eurent notamment recours à une levée régulière des impôts et à l’altération des monnaies, dont les variations gênèrent les commerçants au point de provoquer mécontentement et insurrections dans certaines villes. Ils passèrent alors aux confiscations arbitraires.
C’est ainsi qu’en 1306, Philippe le Bel décida d’expulser les Juifs de France, surtout nombreux dans le Midi, pour saisir leurs biens et les mettre en vente. Alors des chrétiens de Narbonne et de Montpellier devinrent soudain les maîtres de leurs biens, moyennant la rédaction de faux reçus de pseudo-dettes. L’Église condamna ces prête-noms. En revanche, elle se réjouit des conversions de Juifs ou de musulmans, mais les contraignit à rompre tout lien avec leurs anciens coreligionnaires, y compris avec les conjoints qui ne s’étaient pas aussi convertis, sous peine de bannissement et d’aliénation de leurs biens. Après la mort du souverain, les Juifs furent autorisés à rentrer en France, mais ne furent guère mieux considérés pour autant.
À la fin du XIVe siècle, avec les pogroms catalans (la Catalogne était le centre du comté de Barcelone, dont le roi de France fut suzerain jusqu’en 1258), la suspicion envers les convertis de fraîche date restait toujours aussi vivace. Il leur était jusqu’à interdit de vivre, manger ou boire avec des Juifs, de leur adresser la parole ou de consommer de la viande provenant d’une de leurs boucheries.