Mais oui, ils sont légion les basketteurs américains « stratosphériques » ! Et de toutes les époques. Né en 1947 à New-York, enfant unique d’une famille très catholique (qui ouvrira de grands yeux plus tard devant l’orientation religieuse de son fils), Kareem Abdul-Jabbar portait encore à ce moment le même nom et le même prénom que son père, policier : Lewis Alcindor, originaire de l’île de Trinidad. Une famille au style austère, mais qui lui enseigna la fierté, l’honneur, la discipline et la dignité. Exceptionnel, déjà, à 12 ans, puisqu’il mesure 1m86 et à 14 ans, il « dunke » au panier grâce à ses 2m03 !
Études à la Power Memorial High School, avec un solide palmarès à son actif pour le basket : 2067 points marqués et 2002 rebonds durant ses années dans ce lycée. Floraison d’offres d’engagement à l’étage supérieur, bien sûr et Lew porte son choix sur l’autre côté de l’Amérique, à l’Université de Los Angeles et plus précisément l’équipe des UCLA Bruins, en 1966. Il y poursuit son ascension (qui le mènera sous la toise à 2m18) et, trois ans plus tard, à 22 ans, il entre en ligue professionnelle, aux Milwaukee Bucks. Trois ans plus tôt, il a refusé une offre d’un million de dollars aux Harlem Globe Trotters et délaissé le catholicisme pour l’islam, à l’image d’un autre célèbre contestataire de la société américaine, Cassius Clay, alias Mohamed Ali. C’est assez mal pris par le public, mais cela ne l’empêche pas d’être d’entrée de jeu le meilleur marqueur de la NBA avec une moyenne de 34,8 points par match. Kareem Abdul-Jabbar passe six saisons prestigieuses à Milwaukee, brillant particulièrement par son fameux « bras roulé » (sky-hoop), une technique qu’il a lancée : tirer vers l’anneau d’une main au-dessus de la tête et se servir de l’autre main pour se protéger du défenseur. Il en fera des dégâts, avec ce geste, d’autant plus réussi grâce sa taille hors du commun !
En 1975, il provoque la rage de ses supporters des Bucks, à qui il promettait toujours de remporter le titre, en optant subitement pour un transfert aux Lakers de Los Angeles, l’un des plus grands clubs du monde. Il confirme sur la côte Ouest : 1er marqueur, 1er rebounder, 1er contreur de sa nouvelle équipe, ou franchise comme l’on dit là-bas. Dix années de plus de domination, d’exploits, de statistiques affolées. Au terme de la saison 94-85, à 37 ans, Kareem est encore et toujours le joueur n° 1 de son équipe ! Il arrête le 13 juin 1989 au stade d’Inglewood, dans « sa » salle, pleine comme un oeuf et où le public lui réserve une interminable « standing ovation », la langue anglaise disant bien mieux les choses que notre simple « ovation ». Il a 42 ans et il joue en NBA depuis 20 ans, ce qu’aucun autre basketteur n’a jamais réalisé dans l’Histoire.
Caractéristique de Kareem : son souci de rester athlétique, à l’image de son père, le flic new-yorkais. Tout jeune, il est adepte des arts martiaux, puis du taï-chi et du yoga. Il l’a pratiqué sans interruption, déclarant : « Mes amis me disent que si j’ai pu jouer aussi longtemps, c’est parce que j’avais conclu un accord avec le diable. Mais non, c’est grâce au yoga. Il m’a appris à contrôler ma respiration, tout petit déjà. Le yoga est une médecine préventive inégalable. Je n’ai pas connu de blessures importantes dans ma carrière, alors que le basket au niveau NBA est si exigeant physiquement. Rien aux genoux, rien aux chevilles, aux muscles, aux tendons. Grâce au yoga... »
Lorsqu’il quitte les Lakers, il s’occupe des enfants en Californie. Les siens, bien sûr, mais aussi les petits dans les écoles, à qui il conseille avant tout de poursuivre leurs études, car l’orientation sport ne garantit rien. Dans le cadre de ses actions de bienfaisance, il va même enseigner le basket dans la réserve indienne de Fort Apache. Il entraîne, il coache à gauche et à droite, avec des fortunes diverses. Mais la sienne est faite, avec sa carrière sportive, ses contrats publicitaires, ses conférences, ses livres (9, dont un ouvrage consacré à... un bataillon US de tanks !). Il participe à des films hollywoodiens, avec Bruce Lee pour le karaté et joue même un rôle assez important, dans la comédie bien connue « Y-a-t-il un pilote dans l’avion? » (Airplane)
En 2012, Hillary Clinton le nomme ambassadeur de la culture auprès du président des États-Unis, Barrack Obama. L’« intérieur » des Lakers reste aussi et peut-être pour l’éternité parce qu’il a « tenu » 20 ans en NBA, le meilleur marqueur de l’histoire, avec ses 38 387 points inscrits. Et quel palmarès : 3 fois champion universitaire, 6 fois champion des États-Unis, 6 fois meilleur joueur US. Une vraie bête du basket-ball, au sens noble du terme...