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Il confond « test » et « taste » et invente… l’édulcorant !

Comme on le voit, il y a encore un aspect apprenti sorcier dans la recherche scientifique, et heureusement, certaines découvertes débouchent sur des résultats positifs.

C’est le cas des édulcorants, dont la majorité a été découverte par sérendipité. Il est évident que l’on ne peut inventer une substance chimique qui ait un goût sucré. Beaucoup de composés ont sans doute été fabriqués sans que l’on ait pu détecter ce pouvoir sucrant.

Ceux qui l’ont été ont été détectés par hasard. Ainsi, la propriété de la saccharine, découverte en 1879 par Remsen et Fahlberg, fut découverte accidentellement par Remsen, qui partit manger sans s’être consciencieusement lavé les mains. Les deux chercheurs travaillaient sur des dérivés de houille. Le pouvoir sucrant du cyclamate de sodium fut découvert par Michael Sveda, un étudiant en chimie qui travaillait sur la synthèse d’un médicament antipyrétique, un fébrifuge du type aspirine.

Comme on était en 1937 et que l’on fumait partout, y compris dans les laboratoires, il déposa sa clope sur le bord de sa table de travail. L’ayant remise en bouche, il constata une importante saveur sucrée, de 30 à 50 fois plus que le sucre. En 1965, c’est au tour de l’aspartame d’être découvert par accident. James Schlatter travaillait sur la synthèse d’un médicament anti-ulcères. À un des stades de la synthèse, Schlatter goûta le produit en humectant le doigt pour prendre une feuille de papier. Le produit fut commercialisé sous le nom de canderel. En 1976, c’est une erreur de traduction qui est à la base de la découverte de la sucralose. Shashiskat Phadnis, un jeune chercheur indien confond test et taste. Inconscient, ou bête et discipliné, il goûte un dérivé chlorinaté de saccharose et découvre que celui-ci est plusieurs centaines de fois plus sucré que le sucre.

Tous ces produits sont utilisés abondamment par l’industrie, et particulièrement celle des sodas. À cet égard, Coca et Pepsi sont parmi les utilisateurs les plus importants. Au départ, c’était le bon vieux sucre qui était utilisé en grandes quantités.

Celui-ci, parfaitement naturel, n’est cependant pas exempt de problèmes quand il est ingéré en quantités trop importantes. Et non des moindres, puisqu’ils ont nom : diabète, troubles cardiovasculaires, surpoids et obésité. Sans compter la métabolisation du sucre en acides par les bactéries, responsables de caries dentaires. Les études médicales ont également prouvé que l’excès de consommation de boissons sucrées bues pendant et en dehors des repas, apportent un surplus de calories constituant un facteur de risque d’obésité. Quand vous voyez à la télévision une foule d’Américains dans la rue, vous réalisez que ce problème n’est pas à négliger. Aux USA, sur une population de 300 millions d’habitants, il y avait, en 2005, 193 millions de personnes en surpoids, dont 89,8 millions d’obèses. En France, pays de la gastronomie et du bien-manger désormais ravagé par la malbouffe il y a, sur 65 millions d’habitants 23,2 millions en surpoids et 5,8 millions d’obèses. En Chine, pays de 1 milliard trois cents millions d’habitants, un quart de ceux-ci sont en surpoids ou obèses, alors qu’ils n’étaient que 8,8 % en 1898.

Ce qui confirme l’étonnante santé économique d’un pays qui a connu ses deux dernières famines en 1958, lors du grand bond en avant, et en 1966 lors de la révolution culturelle, les deux derniers avatars du règne de Mao Zedong. Selon des statistiques gouvernementales, celle de 1958-61 aurait fait 15 millions de morts. La quantité de sucre consommé n’est évidemment pas seule en cause dans la problématique de l’obésité, mais elle y contribue grandement, ce qui explique l’explosion de l’utilisation des édulcorants. Mais ceux-ci sont-ils à l’abri de tout soupçon ? Il serait à la fois vain et long de prétendre répondre à cette question, tant les intérêts économiques en jeu sont considérables. D’innombrables études sont consacrées au sujet, et elles diffèrent notablement selon que celles-ci sont financées par les fabricants ou par des laboratoires indépendants. Entre ces deux points de vue contradictoires intervient le poids des lobbyistes, qui disposent de budgets quasiment illimités pour convaincre les autorités sanitaires des pays, lesquelles ne savent plus à quel saint se vouer. Mais au-dessus des saints, il y a Dieu, et le dieu-dollar est particulièrement convaincant.

Ceux qui sont chargés de s’y retrouver dans cette problématique compliquée sont : aux USA, la Food & Drugs Administration. En Europe, l’Autorité européenne de la sécurité alimentaire et l’Office Mondial de la Santé. Lesquels ne sont pas toujours d’accord entre eux. Voir à ce sujet le débat sur les Organismes génétiquement modifiés. En ce qui concerne les édulcorants, tout ce que l’on a réussi à obtenir, c’est la définition d’une Dose journalière admissible.

Ce qui sous-tend l’idée que l’absorption massive de ces édulcorants de synthèse n’est pas aussi inoffensive que ce que l’on voudrait nous faire croire. La solution au problème pourrait se trouver dans l’arsenal de Dame nature : la stévia. Il s’agit d’une plante qui contient un édulcorant naturel, la rébaudioside A, qui possède un pouvoir sucrant trois cents fois supérieur à celui du sucre.

Cette plante est utilisée depuis longtemps en Amérique du Sud par les Indiens qui s’en servent pour sucrer boisson et nourriture. Problème : un goût de réglisse prononcé. Depuis 2009, les géants du secteur des sodas que sont Coca-Cola et Pepsi travaillent à mettre au point des extraits purifiés de la stévia. Il semblerait qu’ils ont réussi, puisque Coca-Cola annonçait en octobre 2014 que des boissons vertes viendront compléter la gamme du groupe sous la dénomination Life. Pour conclure le chapitre de l’obésité, il reste à tous ceux qui sont préoccupés par le problème de faire appel à la formule EX + H20 + BLM.

Traduction : faire de l’exercice, boire de l’eau et bouffer la moitié.

Mathilde

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