Elle a même survécu à la torture de la Gestapo et à la peine de mort.
Aux aurores de la Seconde guerre mondiale, les Allemands décrétèrent que toute aide apportée aux juifs serait punissables de la peine de mort en Pologne, non seulement pour ceux qui l’ont offerte, mais également pour leur famille.
Irena Sendler avait tout à fait conscience des risques, mais cela ne l’a pas empêchée de tout mettre en jeu pour sauver la vie de plus de 2 000 enfants juifs.
Aujourd’hui connue comme le « Oskar Schindler au féminin », Irena Sendler était une activiste qui critiquait déjà ouvertement les politiques antisémites bien avant que la Seconde guerre mondiale n’éclate.
Plus tard, elle attribuera les valeurs qui ont guidé ses actions à son éducation : « mon père m’a appris qu’on ne demande jamais à quelqu’un qui se noie s’il sait nager, on se jette à l’eau pour l’aider ».
Son père a vécu et mourra avec cette philosophie. Il travaillait comme médecin pour les plus pauvres, qu’il traitait souvent gratuitement. Il fut contaminé par le typhus par un patient lors d’une intervention. Sa fille avait seulement 7 ans lorsqu’il est décédé.
La communauté juive qu’il avait si souvent soignée offrit à sa veuve de lui apporter de l’aide financièrement, mais elle refusa en assurant qu’elle et sa fille se débrouilleraient.
En grandissant, Irena Sendler se montra digne de l’héritage de ses parents. À l’école, elle critiquait ouvertement le système de ségrégation des enfants juifs par rapport à leurs condisciples non-juifs pendant les cours et les leçons.
Elle rejoignait régulièrement ses amis juifs de l’autre côté du couloir, et lorsque l’un deux prenait des coups, elle rayait le tampon de son bulletin de notes signalant qu’elle était « gentille », puis elle décida de rester définitivement avec eux. Cela n’a pas plu à la direction, qui la suspendit trois ans.
Lorsque les Allemands envahirent la Pologne, Irena Sendler travaillait pour le département de Bien-être Social de Varsovie. Une fois les nazis arrivés au pouvoir, elle vit défiler ses collègues juifs, renvoyés de leur fonction après des années de service.
L’entièreté du département reçut ensuite l’interdiction d’aider les juifs polonais – ils seraient pris en charge par les institutions de leur propre communauté, arguaient les Allemands.
Irena Sendler n’avait aucune intention de laisser cette décision l’arrêter. Elle s’engagea dans un groupe de soutien entre collègues et commença à créer des faux papiers afin qu’elle et son équipe puissent venir en aide aux familles juives. Pendant 4 ans, elle falsifia 3 000 documents.
Elle poursuivit ses activités même après l’accentuation drastique des risques en 1941, lorsque la peine de mort fut annoncée pour quiconque aiderait les juifs polonais.
En 1943, Irena Sendler rejoignit la Zegota, une organisation vouée à aider les juifs pour qu’ils échappent à l’Holocauste. Sous le faux nom de Jolanta, elle est élue cheffe de la section des enfants.
Grâce à son poste dans le département, elle avait l’autorisation d’entrer dans le ghetto de Varsovie, la partie de la ville où 300 000 juifs étaient retenus captifs.
Bien que les Allemands n’aient eu que peu faire de la vie des juifs polonais qui s’y trouvaient, ils avaient tout de même peur du typhus. Ils craignaient particulièrement que cette fièvre mortelle et contagieuse se propage depuis l’intérieur du ghetto jusqu’aux soldats de garde. Ils autorisaient donc les médecins à vérifier les symptômes et à les traiter.
Sous prétexte de réaliser ces inspections, Irena Sendler en profitait pour faire passer de la nourriture, des médicaments, et des vêtements dans les ghettos. Elle ne revenait pas non plus les mains vides : les ambulances et les trams qui quittaient le ghetto transportaient des bébés et des petits enfants. Ils se cachaient même dans des bagages ou des valises lorsqu’il n’y avait pas d’autres moyens.
Plus de 2 500 enfants furent ainsi sortis secrètement du ghetto, dont au moins 400 qu’Irena Sendler a elle-même pris en charge. Elle se rappelle certaines discussions déchirantes entre les familles qui décidaient s’ils enverraient leurs enfants hors de la ville, où ils risquaient la mort si on les découvrait.
Lorsque les parents lui demandaient si elle pouvait promettre que leurs enfants seraient en sécurité, elle répondait que non, que chaque jour, elle se demandait elle-même si elle arriverait à sortir du ghetto sans se faire tuer. Elle ne pouvait offrir que la promesse de ne jamais cesser de travailler et de toujours les protéger pour qu’un jour ils soient enfin réunis.
Une fois hors du ghetto, les enfants étaient répartis chez les amis de la Zegota. Certains étaient placés sous la protection de familles polonaises chrétiennes et renommés. On leur enseignait également les prières et les valeurs de la religion chrétienne en cas d’éventuels tests.
L’un des membres de la Zegota se souvient avoir réveillé des enfants en pleine nuit pour leur demander de réciter leurs prières, les entraînant ainsi continuellement à s’en souvenir sous la pression. Ces petites épreuves pourraient bien décider de leur survie.
Certains des enfants furent envoyés soit dans l’orphelinat des Sœurs de la Petite famille de Marie à Varsovie, ou un couvent catholique romain similaire, soit des écoles. On leur donnait également des noms catholiques et on leur enseignait les traditions chrétiennes afin de dissimuler leur héritage.
Irena Sendler souhaitait par-dessus tout garder les enfants en sécurité jusqu’à la fin de la guerre, et les ramener à leur famille plus tard. Elle documentait donc minutieusement l’endroit où les enfants se trouvaient ainsi que leur nouveau nom et leur nom de naissance. Elle conservait ces listes dans des pots qu’elle enterrait sous terre.
Mais tout espoir de ces futures retrouvailles s’éteignit. Au mois de juillet 1942, les nazis entamèrent ce qu’ils ont appelé la Grossaktion, ou Grande Action. Ils rassemblaient systématiquement les juifs du ghetto de Varsovie pour les « relocaliser » dans l’est. Seulement, les trains qui les transportaient se dirigeaient en fait vers les camps de concentration.
Irena Sendler, bien connue dans l’enceinte du ghetto, fut contrainte de regarder ses amis disparaître.
Irena Sendler fut arrêtée vers la fin de l’année 1943 et torturée par la gestapo – elle réussit malgré tout à conserver l’identité des enfants secrète. En effet, dans les instants qui précédèrent son arrestation, elle parvint à passer les documents qu’elle portait à une amie, qui les dissimula sous ses vêtements.
Durant sa captivité et malgré la brutalité des coups, elle ne fournit jamais aucun nom de ses camarades ou des enfants qu’elle avait sauvés.
Elle parvint même à échapper à son exécution. Alors que les officiers de la gestapo l’emmenaient vers sa fin, des membres de la Zegota lui sauvèrent la vie à la dernière minute.
Son travail faillit bien lui coûter la vie, mais elle reprit sa fonction dans le groupe après son évasion, sous un autre nom cette fois.
Après la guerre, elle continua à offrir son aide en devenant infirmière. Malgré les exigences de son poste, elle tenta tout de même de tenir sa promesse et réunir les enfants avec leurs familles. Malheureusement, elle apprit que ces dernières avaient presque toutes été tuées dans le camp de Treblinka, ou étaient portées disparues.
Pour ses efforts, Irena Sendler fut reconnue par l’état d’Israël comme faisant partie des Justes parmi les Nations, une décoration créée en 1963 pour les citoyens remarquables. Elle n’a pas eu l’occasion de se rendre tout de suite en Israël pour recevoir cet honneur à cause des restrictions de voyage du gouvernement communiste en Pologne, mais elle put finalement y aller en 1983.
En 2003, le pape Jean-Paul II lui adressa personnellement une lettre pour la remercier et, plus tard cette année-là, elle reçut le plus grand honneur pour un citoyen polonais : l’ordre de l’Aigle blanc. L’American Center for Polish Culture (littéralement : le Centre américain pour la culture polonaise) lui décerna également le prix Jan Karski pour « Courage et altruisme ».
Malgré ses nombreuses autres décorations, elle est toujours restée humble à propos de sa contribution auprès des juifs polonais.
« On m’a élevée dans l’idée qu’on doit toujours venir en aide à quelqu’un qui se noie, peu importe sa religion ou sa nationalité », a-t-elle déclaré lors une interview en 2007, soit un an avant son décès à l’âge de 98 ans.
« Je déteste vraiment le terme “héroïne”. C’est plutôt tout le contraire. Je continue d’avoir des remords pour ne pas avoir fait davantage. »
C.D.
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