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James Garfield : Président 199 jours et assassiné par un illuminé

James Garfield fut président pendant 199 jours. Mais pendant cette courte période, il eut largement le temps de contribuer aux scandales de la Maison Blanche. Il faisait partie des membres du Congrès impliqués dans le scandale du Crédit mobilier pendant le mandat d’Ulysse S. Grant. Son proche associé, Thomas J. Brady (plus tard nommé à un poste important du service des postes) était impliqué dans le scandale des Star Routes de 1879.

 

 

Son élection fut controversée. Ses partisans avaient en effet ouvert une caisse noire pour acheter des votes. Ils firent également chanter des hommes d’affaires en menaçant d’inspecter leurs comptes et des fonctionnaires publics en leur disant que s’ils voulaient garder leur emploi, ils feraient bien de contribuer. Le candidat à la vice-présidence, Chester A. Arthur, un personnage pour qui le « vice » de vice-président est à prendre au sens propre, fut très clair quant à la manière dont les républicains avaient obtenu les votes de l’État d’Indiana, un État habituellement démocrate. Mais Garfield fut également la victime des manigances des démocrates. Ceux-ci écrivirent une lettre prétendant qu’il était en faveur de la suppression des restrictions sur l’immigration chinoise et souhaitait baisser le coût de la main-d'œuvre en Californie et en Amérique en général.

Contrairement à Hayes, cependant, il obtint une majorité de votes (bien que d’à peine 9000 sur un scrutin de 9 millions). Le vote de son collège électoral était également plus convaincant (214 votes contre 155 pour son adversaire démocrate).

 

Ma femme ne me comprend pas

 

Le mariage de Garfield était un compromis. La Première dame Lucretia Rudolph-Garfield était une intellectuelle et une femme quelque peu nerveuse. Le futur président avait signalé son ambivalence à l’encontre de son épouse dès le début de leur engagement. Lorsqu’en 1854, elle se rendit à la remise de diplôme de son fiancé au Williams College, dans le Massachusetts, elle eut la surprise de la trouver en compagnie d’une autre femme qui semblait avoir des sentiments pour lui. Garfield avoua avoir eu une liaison avec Rebecca Selleck, car Lucretia était intimidante et froide, se plaignit-il. Ils finirent par se réconcilier et se marièrent quatre ans plus tard. Mais peu de temps après, Garfield commença à prendre ses distances.

 

 

Garfield étant occupé avec son travail de député de l’État de l’Ohio et ne semblant pas pressé de rentrer chez lui quand il avait un moment, pendant leur six années de mariage, le couple passa à peine six semaines ensemble. Lucretia en avait marre d’être seule pour s’occuper d’une belle-mère difficile ainsi que d’Almeda Booth, une ancienne enseignante de son mari qui vivait avec eux en tant que locataire. Elle sortit de ses gonds lorsque plus tard, elle apprit qu’en 1863, pendant la guerre de Sécession, son mari avait eu une affaire avec Lucia Calhoun, une jeune journaliste du New York Times, alors qu’il était en service militaire.

 

Proches compagnons

 

Quelques mois plus tard, Garfield se rendit à Washington pour occuper un poste à la Chambre des représentants. À partir de ce moment-là, le couple semble avoir trouvé ses marques. Ils avaient surmonté le fait que Garfield avait eu une affaire avec Lucia Calhoun. Garfield semble d’ailleurs l’avoir avoué à sa femme dans un élan de culpabilité. Cette révélation semble avoir enrichi leur relation. Lucretia devint un atout pour son mari, sa fervente partisane et son proche compagnon. Elle fit une Première dame remarquable. Hélas, elle attrapa la malaria, ce qui l’handicapa pendant le reste du mandat de son mari.

Le mandat de Garfield fut coupé court le 2 juillet par Charles Guiteau, qui lui tira dessus. Celui-ci lui tendit une embuscade à la gare, où Garfield s’était rendu pour prendre le train en direction du New Jersey, avec l’intention de passer du temps avec Lucretia. Garfield lutta pour survivre pendant les trois mois qui suivirent (certains disent que des médecins incompétents auraient aggravé ses blessures) et succomba le 19 septembre 1881.

 

 

Un étrange assassin

 

Charles J. Guiteau suivait le président depuis quelque temps déjà. Il s’était même rendu à une réception à la Maison Blanche et avait parlé avec la Première dame. N’ayant pu entrer à l’université du Michigan en 1857, il avait suivi un parcours singulier. À sa décharge, son père semble avoir été encore plus étrange que lui. Il bombardait son fils avec des écrits de la communauté d’Oneida. Cette étrange « église » de l’État de New York avait été fondée par John Humphrey Noyes en 1848. D’après lui, sa communauté était le paradis sur terre. Le Christ ayant déclaré « à la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris » (Matthieu 22,30), « l’amour libre » était pratiqué à Oneida. Les garçons étaient initiés par des femmes plus âgées lorsqu’ils atteignaient un certain âge et Noyes s’était donné pour mission l’éducation sexuelle des jeunes vierges. Après quoi, il décidait de qui coucherait avec qui.

 

Malheureusement, personne ne semblait vouloir coucher avec Charles J. Guiteau, qui était entré dans la communauté au début des années 1860. Il ne voulait pas non plus réaliser le travail manuel exigé de tous les membres masculins. En 1865, il quitta la communauté et tenta de la poursuivre en justice pour perte de gains. Il s’installa ensuite en tant qu’avocat à Chicago. Hélas, il fut aussi doué en tant qu’avocat qu’il ne le fut pour son emploi suivant : pasteur du Réveil religieux[1]. Lorsqu’arriva l’année 1874, il s’était marié et avait divorcé, ayant attrapé la syphilis à cause d’une prostituée. À la fin de la décennie, il avait atterri à Washington. Il avait harcelé plusieurs fonctionnaires et semblait être persuadé qu’il était fait pour obtenir un poste au gouvernement. Plus tard, il eut l’intime conviction que le gouvernement de Garfield l’avait laissé tomber. Il en arriva donc à la conclusion que Dieu voulait que Garfield meure.

 

 

C’était un étrange assassin. Un jour, alors qu’il suivait le président jusqu’à la gare, il s’était retenu de tirer car la Première dame était malade, ce n’était donc pas le meilleur moment pour tuer le président. Le temps qu’arrive son procès, il avait perdu tout sens de la réalité et attendait avec impatience sa libération. Il avait même l’intention de se présenter aux élections présidentielles. La seule chose se rapprochant d’une tribune présidentielle et sur laquelle il monta fut l’échafaud. Il fut pendu le 30 juin 1882.

 

 

[1] Ndt : Le Réveil religieux ou réveil spirituel est un mouvement social de renouvellement religieux visant à « réveiller » une foi assoupie, installée et routinière. Ces mouvements jalonnent l'histoire protestante. Ils préconisent une piété plus personnelle, existentielle et sentimentale, « réveillée » par rapport à une foi jugée affadie.

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