Jean-Louis Pons est né à Peyre, dans le Dauphiné, le 24 décembre 1761. En 1789, il est recruté comme concierge par Silvabelle, alors directeur de l'observatoire de Marseille : "Saint-Jacques, qui aimait tendrement cet homme honnête, lui donnait des leçons d'astronomie. Grâce à ces leçons, Pons devint aussi habile à découvrir les comètes (...). "
Formé par Silvabelle à l'observation astronomique, Pons devient "le plus célèbre dénicheur de comètes dont les annales de l'astronomie aient eu à enregistrer les succès". Il est surnommé l'aimant des comètes. Pons découvrit trente-sept comètes. Il devance Messier (18 comètes), Tempel (17 comètes), Méchain (14 comètes), Gambart (13 comètes)... Arago, directeur de l'observatoire de Paris, et qui fit beaucoup pour la popularité de l'astronomie, écrit "La beauté du ciel méridional, les yeux pénétrants de Pons et surtout son zèle infatigable, avaient donné à l'observatoire de Marseille une réputation Européenne."
Le 12 juillet 1801 au soir, trois astronomes de Paris, MM. Méchain, Messier et Bouvard, découvrirent séparément une petite comète près de la tête de la grande ourse; mais Pons la vit quelques heures plutôt. Le bureau des longitudes de Paris lui décerna le prix de six cent francs que M. de Lalande avait déposé chez le notaire Caignet pour celui qui trouverait, le premier une comète. Les trois astronomes qui l'avaient découverte se désistèrent de leurs prétentions au prix, en faveur de Pons afin de l'encourager à continuer ses recherches.
La découverte d'une Comète demande de l'ardeur et de la patience ; mais en plus Pons était aussi d'une habileté manuelle remarquable. C'est avec une lunette de sa fabrication, y compris les verres, qu'il découvre cette première comète dans la soirée du 11 juillet 1801. Littrow, directeur de l'observatoire de Berlin, raconte qu'il a vu en 1841, dans un grenier de l'observatoire de Florence, la première lunette de Pons, avec son tube en carton et son pied en bois. C'est dans cette ville que Pons, invité par le grand duc de Toscane, découvre ses sept dernières comètes.
À l'observatoire des Accoules, Pons utilise une petite lunette de l'école de navigation réalisée à Londres par Adams, aujourd'hui conservée à l'observatoire de Marseille. Comme c'est la règle pour la recherche des comètes, le grossissement est faible (9 fois), le champ très grand (4°1/2) et le diamètre de l'objectif petit (60 mm). De nos jours, ces caractéristiques correspondent à celles d'une paire de jumelles de marine.
Pons découvre vingt-trois comètes à Marseille entre 1801 et 1819, sept comètes à Pise, les sept dernières à Florence. La septième comète, appelée Pons 1807, "l'une des plus belles qui aient paru depuis soixante ans" possède deux queues comme la comète Hale-Bopp 1997. "La queue la plus boréale est la plus longue, mince, pâle et toute droite ; la queue australe est plus courte, plus large, plus claire et recourbée vers le sud. Le 20 octobre, la longueur de la queue boréale va jusqu'à 10 degrés, la queue australe ne va qu'à 4 degrés". Cette description effectuée par Pons est particulièrement remarquable. C'est seulement au début du XXe siècle que l'on commence à faire la différence entre les deux types de queues. On sait aujourd'hui que la queue rectiligne, de couleur bleutée, est constituée de gaz (monoxyde de carbone), que la queue incurvée, plus large et de couleur blanchâtre, est formée de poussières qui réfléchissent la lumière solaire.
Les deux comètes découvertes à Marseille par Pons en 1918 sont particulièrement intéressantes. On s'aperçut plus tard qu'elles étaient périodiques. Leur trajectoire est elliptique et non parabolique. La seule comète périodique alors connue est la fameuse comète de Halley observée depuis l'Antiquité et qui revient tous les soixante-seize ans. L'astronome Encke démontre en 1819 que la comète Pons 1818a revient tous les trois ans. En 1928, l'astronome Crommelin montre que la comète Pons 1818b est également périodique. Cette comète, de période vingt-huit ans, avait échappé en 1846 à la vigilance des astronomes. Elle est retrouvée lors de son passage suivant, en 1873, par Coggia, astronome à l'observatoire de Marseille.
En 1795, l'astronome John Herschel ne perd pas de vue une étoile de onzième magnitude lorsque celle-ci est occultée par la comète que vient de découvrir sa sœur Caroline Herschel. Le 21 août 1825, Pons observe une nouvelle comète. Quand celle-ci passe devant une étoile de cinquième magnitude de la constellation du Taureau, il note qu'à "aucun moment la lumière de l'étoile en est affaiblie". On prend ainsi conscience que la tête des comètes est constituée d'une vaste atmosphère de gaz et de poussières qui enveloppe un tout petit noyau, solide et opaque, de quelques kilomètres seulement de diamètre. Dans une jolie formule, le physicien Babinet dira : "Les comètes, ce sont des riens visibles".