Jimi rêvait de marier toutes les musiques : celle de Strauss et de Wagner avec le blues et le country western. Il voulait réaliser, de son propre aveu, « une sorte de synthèse de tout ce qui s’est fait de bon en matière musicale au cours du dernier siècle ».
Il disait aussi : « La musique doit ouvrir l’esprit du public, lui faire concevoir tout ce qu’il a ignoré jusqu’ici, sans qu’il ait besoin de la drogue pour y arriver ».
Mais Jimi était déjà au bord du gouffre. Il montrait un visage de plus en plus tourmenté. Un jour de 1970, il descend de scène en sanglotant : « J’ai fait le tour du cercle. Je suis revenu à mon point de départ ».
Quelques heures avant sa fin tragique, il donne, dans un hôtel londonien, une interview d’une lucidité cruelle : « Quelquefois, je me demande ce que je fais dans la vie. Je n’ai plus envie de rien. Avant, je me réjouissais de connaître des gens, de découvrir des pays. Je m’émerveillais de tout. Maintenant, tout me laisse indifférent. Même ma musique commence à m’ennuyer... J’ai connu des filles fantastiques, mais cela a toujours été superficiel. Jamais je n’ai rencontré un homme ou une femme avec qui je puisse parler de tout et qui comprenne... Finalement, j’ai gagné un argent fou, mais j’ai toujours été seul. C’est parfois effrayant... Je suis arrivé à la fin du monde musical et il est temps pour moi d’entrer dans un autre monde... »
Le vendredi 18 septembre 1970, il mourait « étouffé par ses vomissements, dus à une intoxication par somnifères ». Tout seul dans sa chambre d’hôtel. Il avait 27 ans.
Il emportait sa guitare en enfer.
Sa musique l’avait transporté hors de notre monde, là où il aurait voulu emmener son public. Il laissait un héritage de 650 000 dollars à son vieux père et, à ses admirateurs, le souvenir d’un artiste génial, qui a révolutionné l’univers électrique de la guitare. Car il faut bien reconnaître qu’il fut à l’origine de nombreuses innovations techniques.