Kurt Knispel, un nom que peu de personnes connaissent. Pourtant ce jeune Allemand des Sudètes a marqué la Seconde Guerre mondiale dans les rangs de la Wehrmacht comme peu d’hommes ont réussi à le faire.
Pour cause, à l’âge de 23 ans, Knispel avait détruit plus de tanks qu’Ernst Barkmann, Otto Carius ou même Michael Wittmann, détenant ainsi l’incroyable palmarès de 168 chars détruits et pouvant revendiquer le titre de meilleur tankiste de toute la Deuxième Guerre mondiale voire de l’Histoire.
Kurt est né dans la région des Sudètes, une région qui fut annexée par le Reich en 1938. Il travaille alors dans l’automobile quand la Seconde Guerre mondiale éclate. Knispel est mobilisé peu de temps après dans l’armée allemande et envoyé en Allemagne pour son instruction.
À la fin de ses classes, il est formé pour être tankiste compte tenu de ses connaissances en mécanique acquises dans l’automobile avant la guerre.
Il en sort formé en tant que chargeur / mitrailleur sur Pz IV et non comme tireur, malgré les talents extraordinaires de tir qu’il a démontré lors de sa formation.
Mais l’invasion de l’URSS va lui permettre de montrer tout son talent.
Il va vite se faire remarquer en tant que tireur émérite, grâce à sa faculté à détruire les chars soviétiques en un seul tir, avec à chaque fois l’obus placé entre la caisse et la tourelle.
Ses exploits le font vite sortir du rang, mais cette célébrité nouvellement acquise n’intéresse pas Kurt et ne l’intéressera jamais préférant la compagnie de ses frères d’armes à celle de ses supérieures.
Ses 12 victoires acquises sur le front lui permettent d’être, en janvier 1942, sélectionné pour un programme d’entrainement sur le nouveau et monstrueux char tigre, qui se révèlera être une monture à la taille du jeune tankiste.
Par la suite, il va s’illustrer sur le front de l’Est au cours de différentes batailles comme celle de la poche Korsun et celle de Koursk. Il combattra même en Normandie, mais aux commandes d’un tigre II avec lequel il va se battre jusqu’en Moravie du Sud, où il a détruit son 168e et dernier char.
Lors d’un combat dans la petite ville de Wostitz, il se fit déborder par une dizaine de blindés soviétiques qui ont réussi à toucher son Tigre II. Knispel fut mortellement touché à la tête et est décédé des suites de ses blessures dans un hôpital de campagne.
Cet « As des As » au palmarès inégalé de 168 chars détruits est peu connu malgré ses exploits. Cela s’explique par son anticonformisme (uniforme retaillé et personnalisé et un problème avec la subordination qui lui valut beaucoup de remarques de ses supérieures) et surtout par son opposition à la doctrine du nazisme qui a provoqué de nombreux incidents comme celui de la gare de Cracovie, où il a pris la défense d’un prisonnier soviétique battu à mort par un garde SS, giflant le bourreau et le mettant à mal devant tout le monde. Il n’a reçu que des remontrances, mais sa carrière dans l’armée allemande fut brisée, il ne recevra jamais de décorations à la taille de ses exploits ce qui lui vaudra le nom de « chevalier sans croix » …
La propagande allemande n’a donc pas pu l’utiliser et s’est contentée de passer son nom sous silence.
La gloire et les récompenses n’intéressaient de toute façon pas Knispel, déclarant même à un officier qui voulait le promouvoir à la croix de fer de chevalier, que ce ne sont pas les médailles qui font le soldat. Il a toujours gardé le même état d’esprit sur le champ de bataille, où de nombreux témoignages racontent que son palmarès serait même plus important que celui homologué, car il aurait attribué de nombreuses victoires à d’autres alors qu’il aurait pu les revendiquer.
Le 10 avril 2013, la dépouille de Knispel avait été retrouvée par les autorités tchèques derrière le mur d’une église à Urbau parmi 15 autres soldats allemands. Il est aujourd’hui enterré dans le cimetière militaire allemand de Brno.