L’assassinat de Jules César : le meurtre qui a bouleversé la République

Né à l’extrême fin du deuxième siècle avant notre ère, César trouva la mort à 55 ans, le 15 mars de l’an 44 avant Jésus-Christ. Entretemps, il mena d’une main de fer la conquête des Gaules et entama la politique de romanisation de l’Egypte. Il commit néanmoins quelques erreurs, qui lui valurent d’être assassiné sur le champ de Mars.

Entre autres impairs, il se fit appeler « Imperator » et « Père de la patrie », exerça plusieurs consulats successifs et s’autoproclama dictateur à vie, alors même que cette charge avait été créée pour ne durer que six mois, en cas de crise. Bien vite, cet excès d’orgueil agaça de nombreux hommes politiques romains, qui mirent sur pied un plan d’attaque.

Conscient qu’il avait outrepassé les limites, César refusa le diadème que lui offrit Marc-Antoine à l’occasion des fêtes des Lupercales, qui avaient lieu chaque année le 15 février. Par ce geste, il comptait prouver au peuple son désir de maintenir la République, et de s’affranchir de la tyrannie qu’avait connue Rome par le passé, à l’époque de la royauté. Cet acte de modestie ne suffit néanmoins pas à apaiser ses opposants, qui craignaient que César ne s’arroge un pouvoir absolu.

Cassius, vexé de ne pas avoir été choisi comme consul par César, fut l’instigateur de la conjuration qui mettrait fin au règne du général. À l’aide de ses alliés, il entreprit de convaincre Brutus, protégé de César, de perpétrer l’attentat à ses côtés. Cassius ne manquait pourtant pas de recrues, mais il avait besoin de Brutus, avant tout pour le symbole qu’il incarnait.

Ce dernier était le fils de Servilla, maitresse de César, et Marcus Iunius Brutus. Contrairement à ce que la tradition répandue par Plutarque affirme, il n’a jamais été officiellement adopté par César, qui lui portait cependant une grande affection. Il prétendait être le descendant de Lucius Iunius Brutus qui, en 509 avant Jésus-Christ, avait renversé Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome.

 

L’image de Brutus, héritier de l’illustre fondateur de la République, assassinant César, qui menaçait les valeurs romaines, séduisit Cassius. Il savait toutefois que convaincre Brutus de tuer César, qu’il aimait comme un père, ne serait pas chose aisée. Pour parvenir à ses fins, il fit donc diffuser des messages anonymes à son intention. « Brutus, tu dors, tu n’es pas le vrai Brutus ! » disaient les dépêches, qui ne manquèrent pas d’alerter le préteur. Tiraillé entre la piété filiale et ses idéaux républicains, Brutus finit par céder à la demande de Cassius et rejoignit la conjuration.

La veille de sa mort, César se rendit à un banquet chez Lépide, préteur urbain. Entre deux verres de vin, un invité demanda au dictateur quel genre de fin il souhaitait. À cette question macabre, César répondit « soudaine et inattendue ». Une réponse sans doute dictée par son orgueil, qui laisse à penser qu’il se doutait de ce qui se tramait dans son dos. La mort, en ce temps, était considérée comme le reflet de la vie d’un homme. Mourir au sommet de sa gloire ne pouvait ainsi que ravir César, dont la santé commençait à décliner. Il souffrait, en effet, d’épilepsie, un mal qu’il s’efforçait de cacher depuis des années.

La nuit suivante, Calpurnia, l’épouse de César, fit un rêve. Elle vit l’étendard de César emporté par le vent, et sa toge déchirée. À son réveil, elle supplia César de ne pas se rendre au Sénat ce jour-là, mais il ne l’écouta pas. César n’était pourtant pas le genre d’hommes à prendre à la légère les rêves prémonitoires, auxquels il était lui-même sujet, ce qui conforte les historiens dans l’idée que César avait choisi de mourir.

C’est donc prêt à affronter son destin que César se rendit, le matin du 15 mars 44, sur le champ de Mars. Marc Antoine, qui l’accompagnait, fut isolé par les conjurés, qui portèrent à César 23 coups de couteaux. Le coup fatal fut porté par Brutus, dont César n’avait pas vu venir la trahison. Estomaqué, il s’écria : « Toi aussi, mon fils ». Aujourd’hui, l’usage de ces mots, traduits en latin tu quoque mi fili , est devenu proverbial. Pourtant, la langue de César étant le grec, il est plus vraisemblable qu’il ait prononcé ses dernières paroles dans la langue de Socrate. En effet, les membres de l’élite apprenaient en priorité à leurs enfant le grec, langue de prestige par rapport au latin.

Malgré cette fin violente, Jules César eut droit à de somptueuses funérailles. Il fut incinéré aux côtés de sa fille, Iulia, morte prématurément. Quelques mois plus tard, on organisa à l’occasion de son anniversaire des jeux funéraires, lors desquels une comète traversa le ciel. Ce signe cosmique fut interprété comme une manifestation de César, qui fut divinisé. César, bien qu’ayant perdu la vie, avait gagné l’immortalité.

Ironie du sort, la conjuration de Cassius ne suffit pas à sauver la République. Même mort, César se chargea de mettre à mal les valeurs démocratiques romaines, en adoptant par testament Octave. Celui-ci n’allait pas tarder à fonder l’Empire, réduisant à néant les idéaux de Brutus

                                                                                                                     Elise Vander Goten

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