Essentiel dans l’intrigue de Game of Thrones, le Mur est une fortification de glace colossale s’étendant sur 100 lieues (300 miles – soit une longueur de 483 km) d’ouest en est et séparant le royaume des Sept Couronnes du territoire des Sauvageons, des Marcheurs Blancs et d’une pléthore d’autres créatures légendaires foisonnant au-delà du Mur selon les contes de Westeros. La hauteur du Mur est évidemment très impressionnante : de 700 à 800 pieds selon les endroits – entre 213 et 244 mètres donc.
C’est l’ordre des frères jurés de la Garde de Nuit qui l’entretient, présents en permanence, surveillant l’Au-delà du Mur afin de prévenir les éventuels dangers.
Intuitivement, on aurait pu croire le Mur inspiré de l’impressionnante Muraille de Chine, mais l’auteur de la saga, George R.R. Martin, a révélé être parti du mur d’Hadrien situé en Ecosse, lors d’un voyage dans la région :
« L’idée [du Mur] germa en moi dix ans ans avant le début de l’écriture des livres, quand je visitais le Royaume-Uni pour la première fois, et que je vis le mur d’Hadrien. Le soleil se couchait, et, me tenant sur le mur, je regardais vers le nord. C’était en un jour glacé d’automne. Le vent soufflait et éveilla quelque chose en moi. J’essayais de m’imaginer à la place d’un légionnaire romain en garnison ici, quelqu’un qui pouvait venir d’Italie ou d’Afrique. Il y avait des soldats venus de toutes les provinces ici. Tu es là, sur ce qui est censé être le bord du monde, et tu vois des collines et des forêts au-delà. Quel ennemi peut sortir de ces bois ? Qu’est-ce qui va surgir derrière ce mur pour t’attaquer ? Ce fut un moment très profond, qui éveilla quelque chose dans mon imagination. Il y avait là une histoire. Bien sûr, sur le mur d’Hadrien, ceux qui pouvaient surgir des bois, c’étaient des Écossais ! Il fallait que je trouve mieux qu’un Écossais. Et la fantasy voit les choses en grand, donc je savais que le Mur devait être plus grand. »
Le Mur d’Hadrien, une muraille de 117 km de long
Cette fortification romaine dont l’édification commença en 122 après Jésus-Christ et s’acheva 5 ans plus tard avait pour fonction de séparer l’Empire romain des contrées barbares sur toute la largeur nord de l’actuelle Angleterre. Comprise dans le « limes » – nom donné aux systèmes de fortifications situés aux frontières de l’Empire romain, pouvant être des barrières aussi bien naturelles qu’artificielles –, cette muraille constituée de blocs de pierre et de tourbe s’étend sur 117 kilomètres de long, a une hauteur de 4,5 mètres et une largeur de 2,7 mètres. Elle correspond plus ou moins à la frontière actuelle de l’Angleterre-Ecosse.
C’est l’empereur Hadrien (qui régna de 117 à 138) qui eut l’idée de construire cette édification pour contenir les barbares car à l’époque, les Pictes – confédération de tribus barbares écossaises – attaquaient régulièrement la Bretagne ; aussi, cette fortification aménagée au fil du temps de 300 tours dont 80 fortins et protégée par 17 camps retranchés permit de les repousser efficacement.
Outre son usage militaire et sa fonction d’intimidation en tant que symbole de puissance politique, il est possible que le mur ait servi également à percevoir des taxes sur les produits importés via des postes de contrôle.
C’est vers la fin du IVe siècle, lors du déclin de l’Empire romain, que ce mur est peu à peu abandonné, les soldats cessant de le protéger pour s’intégrer à la population locale. Cela n’est pas sans évoquer le sort de la Garde de Nuit dans Game of Thrones, presque oubliée et esseulée en haut des remparts du Mur, exposés aux vents glaciaux du Nord, mais contrainte d’y rester.
Aujourd’hui, le mur d’Hadrien qui a survécu en grande partie aux dégradations du temps et de l’histoire constitue une des attractions touristiques les plus populaires du nord de l’Angleterre. Il y est en effet possible d’effectuer de longues randonnées, les sentiers longeant le mur étant praticables à pied sans danger.
Mélanie Castermans