Quel est le crime qui accusait les Martin ?
Le 12 octobre 1831, on annonce la disparition d'un riche cultivateur de 72 ans établi à Saint-Paul-de-Tartas, un bourg situé à une douzaine de kilomètres de Peyrebeille. Des pêcheurs allaient découvrir son corps mutilé, quinze jours plus tard sur les bords de l'Allier, à trois lieues de l'auberge. Pour le grand malheur des Martin, l'homme avait été aperçu chez eux peu de temps avant sa disparition.
Le vieillard avait pas mal bu et logea dans la grange de l'auberge. Un vagabond aurait assisté à la scène du meurtre. Le riche cultivateur avait été réveillé brutalement et assassiné à coups de marteau sur la tête. La femme Martin serait même allée jusqu'à verser un pot d'eau bouillante dans la bouche de la victime. Cet unique témoignage permit d'établir la culpabilité des époux Martin et de leur fidèle Rochette. De plus, on avait fait courir de singuliers propos sur les aubergistes.
Le trio n'avait-il pas été aperçu la nuit du crime, transportant un fardeau dont les contours avaient toute l'apparence d'une forme humaine ? Il n'en fallut pas plus pour condamner définitivement les Martin. Ils seront conduits le 2 octobre 1833 à midi, à Peyrebeille pour être guillotinés en face de leur auberge, devant plus de 30.000 personnes qui allaient ensuite danser autour de l'échafaud pour célébrer la délivrance d'un long cauchemar. Il faut savoir que les crimes perpétrés dans les auberges n'étaient pas rares au début du 19e siècle. Car finalement, il n'y avait aucune preuve matérielle qui aurait pu confondre les aubergistes.
Le cultivateur Enjolras ayant trop bu, a pu tout aussi bien tomber dans l'Allier. Il n'était pas à son coup d'essai. De plus, il avait la réputation de caresser un peu trop souvent la dive bouteille. Si l'on s'en référait à l'acte d'accusation, on pourrait même se demander où Enjolras a été assassiné. En effet, l'acte d'accusation dit ceci :
Le juge de paix de Coucouron crut devoir venir faire des perquisitions à Peyrebeille. Ce magistrat, mal informé, fit une visite domiciliaire à l'auberge de Pierre Martin, alors affermée au sieur Galland, mais n'en fit aucune à la maison habitée par Pierre Martin lui-même, où tout indique que l'assassinat a eu lieu et que le cadavre s'y trouvait encore.
Comment expliquer le meurtre d'Enjolras, meurtre perpétré dans l'auberge, alors que celle-ci était occupée par Galland à qui Martin l'avait louée ? Difficile de répondre ! Les juges restent muets. Mais alors, comment se fait-il que les « criminels » aient été arrêtés à l'auberge, quelques jours plus tard ?