Exploitation des enfants apprentis
La minorité d’apprentis placés chez des maîtres avant 12 ou 13 ans étaient des orphelins ou des enfants abandonnés. Par exemple, pendant la guerre de Cent Ans, une petite fille fut placée chez une fripière à l’âge de 5 ans. La mise au travail des enfants était sans doute progressive. Les maîtres (les maîtresses pour les filles, environ 10 % des apprentis) devaient en principe leur assurer le vivre, l’habillement et le logement, les laissaient généralement aller une heure ou deux par jour à l’école pour une instruction élémentaire, mais les contrats de travail – variables – leur imposaient des horaires d’ouvriers, soit des journées de huit à douze heures, ou tout au moins un réveil aux aurores. Certains disposaient de quinze jours par an pour aller aider leurs parents à la moisson. Des interdictions sont inquiétantes. Ainsi, les patrons devront traiter les enfants «doucement» et ne pas les frapper à la tête, ce qui peut laisser sous-entendre qu’ils pouvaient les frapper partout ailleurs. Ils s’engageaient à ne pas les exploiter en leur réservant des travaux au-dessus de leurs forces, mais des excès existaient. Les «menus travaux» leur étaient dévolus, c’est-à-dire les tâches ingrates: balayer et nettoyer l’atelier, porter le combustible, entretenir le feu... Les conditions de contrats de l’organisation corporative des Temps Modernes, qui perpétue celle du Moyen Âge, montrent qu’ils devaient être à l’atelier tous les jours, fêtes, samedi et dimanche compris. Des bambins de 4 ans étaient employés dans des fabriques de boutons. Un contrat de 1674 atteste le cas d’un gosse de 9 ans engagé dans la mine de la région liégeoise.
Métier à risque
Le métier de messager était bien rémunéré, tout au moins pour les chevaucheurs des grands de ce monde, mais dangereux, non seulement à cause de l’insécurité des chemins, mais surtout en raison des punitions prévues en cas d’alléchantes tentations de corruption. Celui qui simulait le vol du message et le détruisait risquait le percement de la langue et le marquage de la lèvre au fer rouge.
« Rotulus » géant
Dès le IXe siècle, l’expansion du monachisme obligea les abbayes à recourir à leur propre service de messagerie. Un moine était chargé de porter les messages du général de son ordre, consignés sur un rouleau de parchemin appelé rotulus. Pour ce faire, le coursier le présentait dans les différents monastères visités afin qu’y fussent consignés les accusés de réception ou les réponses plus substantielles de chaque supérieur. À mesure qu’il progressait, le rouleau s’allongeait, jusqu’à atteindre parfois des longueurs impressionnantes. Tel le rotulus colporté par un certain Roger, chargé d’annoncer le décès de l’abbé de Meaux : après 216 visites en 116 jours, il atteindra 11 mètres !