Mussolini érigea à Rome, sur la Piazza Lauro de Bosis, un obélisque de 300 tonnes en marbre de Carrare qui nécessita pour être descendu de sa carrière 32 paires de bœufs et 72 000 litres de savon (pour le faire glisser sur des planches en bois) pour un coût de 2,5 millions de lires. C'est le plus grand monolithe taillé du XXe siècle, découpé à flan de montagne avec des scies à fil et fini à la main. L'obélisque porte sur toute sa hauteur une immense inscription « MVSSOLINI DVX » (Mussolini, le « Duce »), accompagnée d'un faisceau de licteur, symbole du fascisme italien.
Des pièces d'or et un parchemin, intitulé "Codex Fori Mussolini", furent cachés sous son emplacement final. Le but était qu'ils soient retrouvés des siècles plus tard et qu'une nouvelle forme de fascisme puisse alors être instaurée. Ironiquement, le texte ne devait être découvert qu'avec la chute – ou la destruction – de l'obélisque, "présenté comme un symbole du règne éternel du fascisme italien". C'est donc que Mussolini avait en tête l'éventuel échec de sa vision, de son "empire fasciste". "Les fascistes prévoyaient leur déclin, et leur chute", explique Bettina Reitz-Joosse. Si le fascime a disparu bien plus tôt que Mussolini ne l'espérait, le texte est encore bien caché sous l'obélisque, conservée pour des raisons historiques.
Sur le parchemin, écrit en latin, Mussolini fait son éloge, et raconte l’histoire du fascisme et de l’obélisque. L'obélisque Mussolini n'est pas un monument parmi d'autres, mais le point final des idées d'aménagement urbain de Benito Mussolini, en tant que créateur d'un État fasciste, ouvrant même une nouvelle « ère fasciste ». Le "Codex Fori Mussolini" se divise en trois parties. La première raconte l'histoire du fascisme et de l'Italie, sauvée par Mussolini. Le texte dépeint un pays "au bord de l'effondrement. Mussolini est vu comme régénérant le pays grâce à sa perspicacité et sa résolution surhumaines", décrit Han Lamers, professeur à l'université Humboldt de Berlin. La deuxième partie traite des organisations d'embrigadement des jeunesses fascistes, et la dernière partie raconte le transport et la construction de l'obélisque de Mussolini.