Cosmétiques caustiques
Les contemporains de Louis XIII suivaient des recettes prétendues infaillibles, par exemple : pour adoucir un teint rude, se laver la figure avec son urine, sinon avec de l’eau de roses mélangée à du vin, le tout bouilli avec du citron ; contre le teint pâle, appliquer sur le visage de la fiente de pigeon brûlée, réduite en poudre, mêlée à de l’huile d’amandes amères.
Au temps du Roi-Soleil, pour éviter le teint hâlé – celui des travailleurs des champs, des manants – et obtenir l’éclat « de lys et de rose », les dames hydrataient leur visage avec de l’eau de la Reine de Hongrie ou du Lait Virginal, l’enduisaient de pommades à la graisse de porc. Puis elles se fardaient les joues et les lèvres à outrance avec de l’extrait de teinture d’écarlate; pour le reste de leur figure, elles employaient du blanc d’Espagne ou du blanc de céruse, un carbonate de plomb toxique qui, à la longue, crevassait irrémédiablement la peau.
Des mouches sur un visage
À la même époque, comme au siècle suivant, la mode des « mouches » fit fureur dans la haute société. Il s’agissait de « grains de beauté » de taffetas gommé ou de velours noir, taillés en petits losanges, coeurs, croissants, étoiles, comètes…, adhésifs d’un côté, dont les femmes, puis aussi les hommes (comme « Monsieur », frère de Louis XIV), parsemaient leur visage pour l’orner, ou pour faire paraître leur teint plus pâle. Cette mode donna lieu à un subtil jeu de codes, selon les endroits où on les plaçait : la passionnée, sous le sourcil ; l’assassine au coin de l’oeil ; la majestueuse au beau milieu du front ; l’enjouée sur une fossette, pour la souligner ; la galante, au milieu de la joue; l’effrontée ou la gaillarde, sur le bout du nez, pour le garnir ; la voleuse ou la receleuse, sur un bouton, pour le dissimuler ; la friponne ou la baiseuse sur un coin de la bouche, pour la ponctuer, ou encore la discrète, sous la lèvre inférieure.