Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Marie Curie, physicienne et chimiste polonaise, naturalisée française, deux fois détentrice du prix Nobel, désire immédiatement se rendre utile.
En effet, postposant ses recherches en cours, elle concentre toute son énergie pour répondre aux besoins de la radiologie en cette période de guerre. Ses connaissances peuvent être d’une grande utilité pour les blessés du front. Grâce aux rayons X, les chirurgiens peuvent facilement localiser les balles ou les shrapnels logés dans les chairs meurtries des soldats. Les médecins radiologistes étaient alors trop peu nombreux et leurs formations étaient souvent médiocres.
Les interventions de madame Curie seront d’abord accueillies avec réticence par les militaires et les médecins (on est encore loin de la parité homme-femme) mais sa détermination, ainsi que ses connaissances en viendront vite à bout et Marie Curie sera demandée de toutes parts.
Avec l’aide d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées françaises, elle développe l’utilisation de la radiologie médicale. Elle participe également à la conception d’unités chirurgicales mobiles et fera équiper des camions d’appareils radiologiques. Ces véhicules, très vite surnommés les « Petites Curies », permettent de monter au front et de traiter directement les blessés intransportables. Aidée de sa fille Irène, Marie Curie entreprit, en 1915, onze déplacements jusqu’au Westhoek à bord de leurs fameuses « Petites Curies ». Un peu plus tard, elle constatera que les hôpitaux manquent toujours cruellement de radiologistes qualifiés. Qu’à cela ne tienne, elle décide de fonder en 1916, dans son institut (dont une partie venait à peine d’être achevée au moment de l’éclatement de la guerre), un enseignement de radiologie théorique et pratique.
Plus d’un million d’examens radiologiques seront réalisés durant la guerre, évitant ainsi les complications et sauvant très probablement de nombreuses vies. Mais il n’y avait pas que la folie meurtrière de l’homme qu’il a fallu combattre durant cette guerre, car les maladies, telle que le typhus, ravageaient la population sans distinction de classe, de grade ou de camp. Là encore, Marie veut se rendre utile et installe à Poperinghe, en collaboration avec l’Institut Pasteur, un laboratoire pour la recherche et le traitement des patients souffrant du typhus.
« L’histoire de la radiologie de guerre offre un exemple saisissant de l’ampleur insoupçonnée que peut prendre, dans certaines conditions, l’application de découvertes d’ordre purement scientifique. »
Extrait d’une lettre de Marie Curie.