Napoléon, empereur des mauvaises manies

Napoléon se couchait à n’importe quelle heure, tantôt à 22 ou 23 heures, tantôt à 2, 3 ou 4 heures du matin. Dans tous les cas, il était très vite déshabillé. Quand il entrait dans sa chambre – témoigne Constant –, il arrachait presque ses vêtements, les jetant et les éparpillant, l’habit par terre, le grand cordon sur le tapis, la montre à la volée sur le lit, le chapeau au loin sur un meuble, et puis les autres vêtements les uns après les autres. Pour cette raison, il fallait souvent renouveler sa garde-robe... De la même manière, il laissait habituellement tomber les documents qu’il avait en main lorsqu’ils ne l’intéressaient plus. Quand il y avait du feu dans l’âtre, il y jetait les livres qui l’ennuyaient.

 

 

Il ne fumait pas, mais prisait ou plutôt respirait le tabac, sans doute parce qu’il n’avait pas la patience de le pousser dans les narines. Presque aussi vite, il le laissait tomber. Ses mouchoirs étaient d’ailleurs à peine tachés. Une série de tabatières, déposées sur un meuble de sa chambre, étaient remplies d’avance et dès qu’il en ouvrait une, il la renversait sur la table. Quand il écoutait un rapport, en arpentant son bureau les mains derrière le dos, il prenait du tabac en passant, laissant échapper de temps en temps un « hem ! » qui laissait croire à son interlocuteur qu’il l’interrompait. Si celui-ci recommençait sa phrase, il lui disait, avec une pointe de mauvaise humeur : « Je comprends bien, continuez ! » Son tabac était râpé fort gros et consistait en une mixture qu’il s’amusait à donner à manger à ses gazelles de Saint Cloud qui s’en délectaient et s’approchaient sans crainte de lui.

La seule fois où il s’essaya à la pipe, il en fut fort incommodé et dégoûté à jamais.

 

 

Ses secrétaires, il les épuisait par la rapidité de sa dictée et par ses exigences, car un désir ou une idée devait se concrétiser immédiatement. L’un d’eux, le baron Fain, révèle un autre de ses tics, quand il était préoccupé : en parlant ou en dictant, il relevait inconsciemment l’épaule droite tout en se pinçant la bouche de gauche à droite. À l’extérieur, dans le même état d’esprit, il fouettait la terre avec sa cravache.

Outre le fait de glisser la main dans son gilet, il avait encore bien d’autres « manies », comme taillader son fauteuil avec un canif ou s’appuyer sur le bras de son interlocuteur en marchant.

 

 

 

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