Le cunnilingus, c’est d’abord l’histoire d’un mot qui aurait dû s’écrire autrement. Étymologiquement, le terme vient du latin cunnus, qui désigne la vulve, et du verbe lingere, qui signifie lécher, sucer. Le mot lingus est apparemment mal formé et aurait dû être remplacé, selon certains puristes, par linctus. Quand vous faites un cunnilingus ou en recevez un, vous êtes donc coupable d’une erreur de langue, qui ne nuit en rien, rassurez-vous, au résultat final. Attention aussi à ne pas écrire « cunilingus », avec un seul « n », car le cuni en question fait plutôt référence au lapin, animal fort sympathique au demeurant, mais dont le léchage reste une activité marginale.
Passage à l’oral
On ne peut pas en dire autant du broutage de minou, qui connaît depuis trente ans une spectaculaire progression, comme le montre la grande enquête CSF réalisée en France en 2006. Au moins 85 % des répondants, hommes et femmes confondus, ont ainsi avoué avoir déjà expérimenté la chose au moins une fois. Cela place tout de même le gamahuchage en pôle position par rapport à la fellation ! Plus étonnant, les femmes les plus léchées et les hommes les plus lécheurs se retrouvent dans la catégorie des 25-49 ans. À ces âges, ils sont 70 % à pratiquer parfois, voire souvent, cette activité récréative. Une autre étude française menée en 2008 par l’Inserm révèle un autre fait tout aussi étonnant : plus une femme est diplômée, plus elle a de chances de se faire brouter le gazon ! Entre 25 et 49 ans, les femmes bénéficiant d’un BAC sont ainsi 76 % à profiter de ce genre d’aubaine bucco-clito-vulvaire, contre 53 % seulement pour celles qui ne disposent même pas de l’équivalent d’un CAP, BEP ou brevet.
Cachez ce cunni...
Ce quasi plébiscite pour la tyrolienne à crinière est cependant récent. Rarement représentée chez les Égyptiens, hormis dans les scènes homosexuelles, la dégustation du clito et de ses environs immédiats est par exemple mal vue à Rome, où on va jusqu’à la considérer comme plus obscène que la sodomie. Elle est en tout cas indigne de tout homme libre qui se respecte, juste bonne à être pratiquée par les femmes, les esclaves et les obsédés sexuels. Cela ne s’arrange évidemment pas au Moyen Âge, ni à l’époque moderne, où le cunnilingus est parfois même puni par la loi, comme en Angleterre entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Honni soit qui mâle y broute ! Pire, en 1952, cette savoureuse caresse buccogénitale était encore considérée comme une perversion sexuelle dans la première édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, mieux connu sous le nom de DSM, au même titre que la fellation et la masturbation !
Cunnilingus thérapeutique ?
Il n’y a guère que la Chine, et dans une moindre mesure l’Inde, à avoir prôné le grumage de vulve. Les manuels chinois du Taoïsme, qui décrivent la pratique avec force détails, vont jusqu’à affirmer qu’elle procure énergie et vitalité. Cette conception a peut-être inspiré voici quelques années un pseudo thérapeute installé sur la Côte d’Azur, jugé depuis pour exercice illégal de la médecine et agression sexuelle. L’homme, qui affirmait pratiquer la médecine traditionnelle chinoise, était parvenu à convaincre ses clientes qu’elles souffraient d’un blocage du « chakra du sexe ». Le traitement qu’il proposait ensuite associait acupression du vagin et de l’anus, cunnilingus et boules de geisha. L’une d’elles a heureusement fini par déposer plainte. Le plus étonnant est que d’autres patientes n’aient rien trouvé à redire à cette thérapie. Certaines y envoyaient même leurs amies !