Encore aujourd’hui, Mao Zedong est considéré comme une figure emblématique en Chine. Pourtant, son règne se caractérise par la violence et la terreur. Celui qu’on appelle le « Grand Timonier » a mené l’empire du Milieu au bord du gouffre.
La Chine avant Mao
Lorsque Mao naît en 1893, le peuple chinois est en passe de sombrer dans la misère. La dynastie Qing règne sur l’empire du Milieu, c’est la dernière de la période impériale, mais elle est incompétente et corrompue. Au niveau interne, la Chine est mal gouvernée, elle est en ruine. De l’extérieur, elle est opprimée, tenue en esclavage par les pouvoirs coloniaux : l’empire allemand, l’Italie, les États-Unis, mais surtout le Japon. Les Chinois sont exploités dans leur propre pays, traités comme des personnes d’un rang inférieur. Les Japonais, en particulier, massacrent la population civile de manière effroyable.
Les parents de Mao sont des fermiers prospères, il apprend à lire et à écrire. Néanmoins, comme dans tous les milieux ruraux de l’époque, il est confronté à des images de privation, de faim et de pauvreté.
Montée du communisme
Beaucoup de Chinois, qui souffrent lourdement de la situation sociale et politique de ce début de 20e siècle, sont de plus en plus attirés par le communisme. Cette idéologie semble la seule solution aux comportements injustes et à la misère. Lorsque la révolution d’Octobre éclate en Russie en 1917, l’espoir que l’empire du Milieu lui aussi puisse être sauvé du joug des oppresseurs par le marxisme-léninisme se répand parmi le peuple chinois.
Les premiers communistes sont donc des idéalistes déçus. Mao compte parmi eux, il veut changer les choses. Dans le courant des années 1920 en Chine, on a toutefois plus à perdre qu’à gagner en adhérant à cette idéologie. En effet, le parti populaire Guomindang qui est au pouvoir à l’époque, dirigé par la main de fer de Tchang Kaï-chek, persécute systématiquement les communistes. Un nombre incalculable d’entre eux en seront victimes et finiront exécutés. Mao, cependant, en réchappe. Lors de la Longue Marche, il prendra la tête du mouvement communiste.
La « Longue Marche »
Lorsqu’ils tentent d’échapper aux troupes de Tchang Kaï-chek, les communistes se voient contraints de se retirer du sud du pays, en essuyant de lourdes pertes, afin d’esquiver par le nord : c’est le commencement de la légendaire « Longue Marche » (1934-1935). Cette fuite s’étendra sur près de 12 000 kilomètres. Des 100 000 à 120 000 personnes qui débutent ce périple, seules quelques 10 000 survivront à la faim, à la soif et à l’épuisement. Cette « Longue Marche » connaitra des luttes intestines entre les fidèles de Moscou et la branche chinoise menée par Mao. Grâce à diverses manigances, ce dernier se hisse au sommet du mouvement : il devient le numéro un du Parti communiste chinois. Les affrontements avec les troupes de Tchang Kaï-chek, véritable guerre civile, durent jusqu’en 1949, date à laquelle les communistes prendront le pouvoir en Chine.
La République populaire de Chine
Le 1er octobre 1949, sur la place de la Paix céleste (la place Tian’anmen) à Pékin, le « Grand Timonier » Mao Zedong proclame la République populaire de Chine. Mais cette « République populaire » ne tardera pas à montrer son vrai visage : celui d’une dictature communiste.
Lors de cette prise de pouvoir, Mao est pourtant acclamé par le peuple chinois. Il parvient à leur rendre quelque chose de décisif : l’amour-propre et la confiance en l’avenir. Mao promet la fin de l’oppression et la glorieuse résurrection de l’empire du Milieu, du baume au cœur meurtri des Chinois. Il garantit également une société plus juste, une transformation radicale. C’est de cette manière que, dès le début de son règne, il remet sur pied l’identité des Chinois et unit le pays d’un nouveau sentiment national. En contrepartie, il s’encense d’un monstrueux culte de la personnalité, qui prendra une ampleur malsaine durant la révolution culturelle de 1960.
Un empereur communiste
Durant plus d’un quart de siècle, Mao décide du sort de son pays et impose ses désirs au peuple chinois. Au départ, il était sans aucun doute un communiste convaincu, mais rapidement il ne se consacre plus qu’à son seul pouvoir. De 1949 à 1959, au sommet de sa gloire, le comportement du « Grand Timonier » est à l’image des anciens empereurs chinois. Le modèle de Mao ? Qin Shihuangdi, un dirigeant chinois particulièrement cruel, qui unit en l’an 221 PCN l’empire du Milieu d’une manière sanglante. Mao, formé par la guerre, est une personne extrêmement violente, dont la vision du monde est imprégnée par le pouvoir, la terreur et le mépris des hommes.
Décadence et inhumanité
Mao n’est pas un grand théoricien, pas plus qu’il n’est un intellectuel ou un penseur. Le marxisme-léninisme ne l’a jamais réellement intéressé. Il est certes parvenu à imposer à son peuple ses quelques écrits, qu’il a rendus obligatoires (ce qui lui a beaucoup rapporté), mais il ne se fraiera jamais de place parmi les théoriciens communistes. Les phrases de Mao, adulées avec frénésie à l’époque, témoignent d’un talent littéraire plutôt modeste. Entretemps, de nombreux historiens laissent entendre que la majorité de ses écrits ne proviennent même pas de lui. Par ailleurs, il ne maitrise pas le chinois classique, mais s’exprime dans le dialecte de sa province d’origine, l’Hunan.
Mao jouit de privilèges énormes, il transgresse toutes les règles morales, les obligations et les privations qu’il impose à son peuple. Les Chinois meurent par millions durant la famine du début des années 1960 ; lui mange et boit en excès. Il mène une vie sexuelle débridée et se fait amener bon nombre de jeunes filles, conformément aux pratiques de la tradition taoïste (dont il est un fervent croyant) censées augmenter la longévité. Il possède voitures de luxe, villas, piscines et détient des sommes énormes sur des comptes spéciaux auxquels lui seul a accès.
La soif de pouvoir
Mao écrase toute opposition dans son pays au moyen d’une brutalité sans limites et fait preuve d’une absence totale d’humanité. La Chine baigne dans la terreur, souffre de la mauvaise gestion. Mao est intelligent, rusé et instinctif, mais par-dessus tout, il est dévoué à ses seuls intérêts, assoiffé de pouvoir.
Il n’écoute que peu les conseils, ne tolère aucune critique ni opinion différente de la sienne. Corrompu jusqu’à la moelle par ce pouvoir illimité, c’est une méfiance profonde qui caractérise son rapport à son environnement, même le plus proche. À la fin, Mao s’isolera totalement et ne fera plus confiance qu’à lui-même. Il perdra le contact avec la réalité, et avec son propre peuple.
Source : https://www.planet-wissen.de/geschichte/diktatoren/mao_zedong_gnadenloser_machtmensch/index.html