Barrage raté à L'Écluse
En raison du rapprochement de la Flandre avec l'Angleterre, grâce à Jacques van Artevelde, Philippe VI de Valois envoya sa flotte de guerre devant L'Écluse, avant-port de Bruges, pour empêcher les Anglais d'y revenir. Son capitaine était le marin génois Hélie Barbavera, secondé par deux officiers français peu aguerris : Quiéret et Béhuchet.
Le 24 juin 1340, le capitaine commit l'irréparable : il décida de barrer l'entrée de la baie en attachant ses navires l'un à l'autre, sur trois lignes de profondeur, au lieu de gagner la haute mer quand l'ennemi revint. Bloquée du côté de la terre par les Flamands et du côté de la mer par les Anglais, la flotte française était incapable de manœuvrer quand, le matin, les bateaux d'Édouard III foncèrent sur eux. Les archers anglais obtinrent rapidement l'avantage sur les lents arbalétriers normands et génois. S'ensuivit un atroce corps-à-corps, qui se termina par un incendie général des bateaux. La victoire anglaise fut acquise à la fin de la journée, quand la flotte flamande vint secourir celle d'Édouard III.
Sur 200 vaisseaux français environ, une trentaine seulement put s'échapper. Quiéret fut décapité et son corps balancé à la mer, tandis que Béhuchet fut pendu à un mât. « Finalement, conclut Froissart, les Anglais obtinrent la mer et la place. » Comme personne n'osait annoncer la cuisante défaite à Philippe VI, on recourut à un de ses fous, qui s'en chargea très bien : il railla la lâcheté des Anglais qui avaient reculé devant le combat pour faire comprendre au roi, par le contraire, qu'il avait perdu la partie.
La bataille de L'Écluse rendit impossible avant longtemps toute intention même d'un débarquement français outre-Manche, assura pour de longues années la maîtrise de la mer à l'Angleterre, dont le territoire échappa ainsi à la guerre, et constitua une revanche des Flamands après quarante ans d'humiliations.
Les six bourgeois de Calais
Après environ un an de siège de Calais par les Anglais, s'engagèrent les négociations pour la reddition de la place. Le 3 août 1347, le capitaine Jean de Vienne – commandant de la ville – et ses chevaliers proposèrent au roi d'Angleterre Édouard III de se constituer prisonniers à condition qu'il consente à laisser la garnison et la population affamée quitter Calais. Selon la relation de Froissart, au terme des pourparlers, le souverain ordonna que six bourgeois des plus notables de la ville, « nu-pieds et nu-chefs, en leurs linges draps tant seulement, les cordes au col, viennent ici et apportent les clés de la ville et du château en leurs mains, et de ceux, il fera sa volonté ».
Le lendemain, les six otages sortirent de la cité, escortés par la population en pleurs. Des distributions de vivres furent organisées en ville, mais plus de trois cents affamés moururent pour en avoir mangé trop et trop vite. La volonté inébranlable du roi était de tuer les six otages, malgré les appels à la pitié du héraut et des barons anglais. Seule la reine, Philippa de Hainaut, enceinte de huit mois, en se jetant aux pieds de son mari pour implorer sa clémence, réussit à le faire céder, mais les six bourgeois seront à sa charge.
Jean de Vienne et sa troupe furent emmenés en Angleterre pour y être emprisonnés, dans l'espoir d’une rançon. On assista ensuite à un transfert de population. Les habitants furent chassés pour faire place à des immigrants anglais. Seuls un prêtre et quelques personnes âgées restèrent sur place, pour informer les nouveaux habitants des coutumes locales. Les Calaisiens, recueillis par le roi de France, s'installèrent ailleurs, jusqu'en Normandie et jusqu'à Orléans. Édouard III fit son entrée solennelle dans Calais, qui devenait anglaise. Elle le resta pendant 210 ans, jusqu'à ce que le duc François de Guise la reprenne en 1558. En 1596, les Espagnols s'en emparèrent à leur tour. Elle ne redeviendra définitivement française qu'au traité de Vervins, le 2 mai 1598, sous Henri IV.
Aujourd'hui, un ensemble statuaire en bronze représentant les six bourgeois, réalisé par Rodin en 1886, fait face à l'hôtel de ville. L'artiste les sculpta d'abord nus, séparément, avant qu'ils ne fussent regroupés et habillés.