Pourquoi les aviateurs américains pensaient-ils aux seins de l’actrice Mae West dans les circonstances les plus sinistres ?
Sans doute, et en premier lieu, parce que Mae était une femme si extraordinaire qu’on ne pouvait que penser à elle en toutes circonstances. Selon le critique de cinéma François Forestier, « Mae West a été la plus désirée, la plus enviée, la plus copiée des stars de Hollywood dans les années 1930. Choucroute blonde, mascara à la truelle, faux cils en poils de zibeline, poumons de compétition, hanches montées sur roulements à billes et bijoux des pieds à la tête, elle a fait rêver l’Amérique, puis le monde entier, puis la galaxie. » Ses mensurations n’ont pourtant rien d’extravagant, 1,52 mètre, 53 kilos, pointure 37, soutien-gorge 85 D, c’est même un petit gabarit… Mais la donzelle est aussi célèbre pour son sens de la répartie et son immoralité assumée que pour sa volumineuse poitrine. « Quand je suis bonne, je suis bonne, disait-elle, avant d’ajouter, mais quand je suis mauvaise, je suis la meilleure ! »
Mae West fut la première des bombes sexuelles. Une bombe « gaie et sensuelle » qui allait éclater en produisant le premier spectacle qu’elle écrivit, une comédie sobrement intitulée « Sex ». Quelque temps plus tard, après un succès phénoménal, Mae récidiva avec une pièce consacrée à un sujet tabou à l’époque : « Drag » présentait de manière sympathique et délirante l’univers des boîtes homosexuelles clandestines.
C’en était trop ! Mae fut accusée d’immoralité et convoquée devant un tribunal new-yorkais. Ses juges lui reprochèrent particulièrement de « bouger son nombril » de manière parfaitement indécente au cours d’une danse du ventre jugée obscène. Pour se défendre, si l’on peut dire, Mae demanda si elle pouvait danser dans le prétoire pour montrer de quoi il s’agissait réellement.
Elle devint alors l’une des reines de Broadway puis d’Hollywood, ponctuant les dialogues de ses productions de formules à l’emporte-pièce. « Les braves filles vont au ciel, les autres font ce qu’elles veulent et vont où bon leur semble », « Généralement j’évite les tentations, sauf quand je ne peux pas y résister », « Entre deux maux, je choisis toujours celui que je n’ai pas essayé… »
S’inspirant sans doute de ses propres émois, elle songea ainsi à porter à l’écran la vie d’une grande mangeuse d’homme devant l’éternelle, Catherine II de Russie.
Moins par pudeur que par soucis pratiques, son scénario ne faisait état que d’une trentaine des trois cents amants que l’on prête à l’impératrice. Le film ne put être tourné, mais elle en fit une pièce de théâtre à succès. Les journalistes titrèrent alors « Mae l’impératrice du sexe ».
Par conséquent, les raisons de penser à elle ne manquaient pas pour un militaire éloigné de sa fiancée et en proie à tous les dangers… Pourtant, les aviateurs américains avaient une raison plus précise de songer à Mae lorsqu’ils couraient un grave danger. En référence à la généreuse poitrine de la star, ils avaient baptisé leur gilet de sauvetage « Mae West ». Il est vrai que ceux-ci, lorsqu’on les gonflait, donnaient aux naufragés l’aspect d’un être étrange et burlesque, doté d’une volumineuse paire de seins.
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