Non ! Ceci n’est pas un livre d’Histoire. C’est le livre d’une histoire qu’on ne raconte pas, celle du destin d’Abraham Rajchman, extrait du néant d’un siècle, broyé par une époque où l’horreur triomphait, où seule la grisaille habitait les âmes. A des années-lumière de l’image d’Epinal de la Résistance, ces ombres de l’armée des ombres, dont il est question ici, étaient animées d’une foi que tous avaient crue inébranlable.
Et puis, il y a Bruxelles sous la botte, ville des nuits de l’Occupation, de hontes, de lâchetés, de compromissions et parfois d’héroïsme, pavés glissants des destins, attendant que la victoire enfin allume l’horizon et obscurcisse les mémoires. Nuit de quatre ans peuplée d’imperméables froissés, de manteaux de cuir, de chapeaux taupés, d’inquiétantes tractions avant. D’un bistro de La rue des Tanneurs au siège de la Gestapo de l’avenue Louise, en passant par les rues de Saint-Gilles, les trams, les cafés de la porte de Halle ou de la Bourse, c’est à Bruxelles que tout se joue, pendant les années terribles, mortel théâtre d’ombres de l’Orchestre rouge où gestapistes et résistants se livrent une guerre sans merci.
Qui a trahi ? Pourquoi ? Qui a tenu sous la torture ? Qui a parlé ? Pourquoi basculer dans la collaboration ? Les archives soviétiques et celles récemment déclassifiées du MI5 permettent enfin de retracer l’histoire de ceux que l’on ne voit pas, qu’on ne doit pas voir, qu’on ne veut pas voir, et dont, pourtant, le destin éclaire l’histoire, notre histoire… et, plus encore, nous livre des vérités, de lourds secrets soigneusement cachés.