Nous sommes des Peshmergas de père en fils

Sirwan Maro, le regard pétillant, la moustache bien taillée, a 56 ans. Ancien colonel de l’armée peshmerga, il s’est longtemps battu sur le front kurdo-irakien. Comme il le dit en souriant : « Tu nais Peshmerga, tu le restes jusqu’à ta mort ». Chaque année, depuis longtemps avant l’avènement de Daesh, il quitte l’Europe et son métier et part rejoindre ses amis qui se battent sur le front pour leur tenir compagnie, ne pouvant plus se battre lui-même.

Sirwan connait dès son plus jeune âge une existence tragique et mouvementée, entre les séjours en prison de son père, opposant politique, la disparition précoce de sa mère et les atrocités commises chaque jour par le régime de Saddam Hussein à l’encontre de la population kurde. Rejoindre les Peshmergas, ces légendaires défenseurs du Kurdistan, représente dès lors une évidence pour le jeune Sirwan, dont le tempérament rebelle ne passe pas longtemps inaperçu.

Fusillades, tortures, jeux de pouvoir, trahisons, sa vie d’activiste est jalonnée d’épreuves et de rebondissements, le conduisant à un exil forcé en Belgique dans les années 1980. Sirwan a décidé de confier la rédaction de son histoire à son fils qui, lui aussi, rejoint le front périodiquement, armé de son appareil photo pour témoigner. Il est la seule personne en qui il a confiance, la seule personne avec qui il partage un lien aussi étroit.

Cette histoire est également celle d’un fils qui cherche dans le passé de son père sa propre identité. La raconter fut éprouvant pour tous les deux, mais cela les a libérés. La défaite de l’EI se dessine grâce au courage de certains hommes.

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