Le 30 mai 1778, Voltaire s’éteint à l’âge de 83 ans. Le philosophe, poète, conteur, dramaturge, aura largement animé les esprits de son époque et contribué à l’essor des Lumières, dont il est un des plus grands noms.
Lui qui croyait en un Dieu auteur de l’univers, mais pas aux dieux des religions, repose maintenant en paix alors que dans le monde des vivants, cela s’agite pour préparer au mieux son inhumation. Try, un chirurgien est dépêché sur place pour procéder au délicat travail aidé des plantes fournies par l’apothicaire Mitouart. Le chirurgien commence par ouvrir le ventre et le crâne du mort afin d’en extraire les viscères, qu’il jette aux latrines ne sachant qu’en faire d’autre. Seuls deux organes sont sauvés : son cerveau et son coeur, réclamé par Madame de la Vilette. Il sera placé dans un coffre portant l’inscription « Son esprit est partout, mais son coeur est ici ».
Le cerveau de Voltaire est mis de côté et préservé par Mitouart. Afin que l’organe ne se dégrade pas, il le plonge dans de l’alcool bouillant puis le place dans un bocal de cristal rempli d’esprit-de-vin et fermé par un bouchon goudronné. Grâce à cette relique exposée dans son office, l’apothicaire aura son heure de gloire et verra sa clientèle considérablement augmenter.
Par la suite, le cerveau circule de main en main : reçu en héritage, offert en cadeau, vendu aux enchères, il voyage autant que l’a fait Voltaire de son vivant. En 1924, au terme d’un long parcours, il atterrit à la Comédie-Française, largement désagrégé et transféré dans un autre bocal. À l’heure actuelle, il n’en reste qu’un petit bout desséché…