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Les débuts hasardeux de Renault

Parti un peu plus tard dans la course à l’automobile, Louis Renault entend bien mettre les bouchées doubles.

 

Fils d’un petit industriel en drape­ries et boutons, Louis se désinté­resse très vite des activités pater­nelles pour se consacrer à sa passion de la mécanique. À 21 ans, Louis Renault construit sa première voiturette. Il modifie un tricycle en y ajoutant une quatrième roue, une transmission par cadran, une boîte à trois vitesses (dont la troisième à "prise directe") et une marche arrière.
Le 24 décembre 1898, il se décide enfin à présenter à ses amis, qu’il a réunis pour la circonstance, le premier prototype automobile sur lequel il a travaillé pendant des mois en cachette. Il les invite à essayer sa drôle de machine et, pour les convaincre, il n’hésite pas à esca­lader en leur compagnie la rue Lepic, la plus pentue de Paris. Avec ses ¾ de cheval, ses six litres aux cent et son 50 km/h, cette première machine roulante se révèle capable de gravir toutes les côtes de la région parisienne.
C’est l’enthousiasme unanime. Les commandes pleuvent. Louis Renault décide alors de devenir constructeur automobile. Quelques mois plus tard, il dépose le brevet de la boite de vitesse à « prise directe ». C’est cette invention qui sera à l'origine de sa fortune. En effet, tous les constructeurs l’adopteront. Enchantés et convaincus, les deux frères de Louis proposent même de s’associer avec lui et de financer ses recherches. La firme Renault est donc née ce soir de Noël 1898 (même si les signatures officielles ne seront déposées que le 25 février 1899). La petite maison de campagne de la famille Renault à Billancourt deviendra le berceau de l’un des joyaux de l’industrie française.

Comment Louis venge la mort de Marcel

Dès 1900, la première « Renault » se distingue dans toute une série d’épreuves sportives. Mais les rivalités intermarques ne cessent de croître. Pour défendre les couleurs d’une usine, d’un constructeur, on prend tous les risques sur des routes qui osent à peine porter ce nom.

Au tournant du siècle, les courses automobiles se multi­plient, tant en ce qui concerne les épreuves de vitesse que d’endurance. Ces courses, de plus en plus âprement dispu­tées – comme celle de Paris-Berlin –, vont entraîner une constante surenchère des cylindrées.

Renault, qui entend se maintenir en haut du pavé, lance bientôt sa première quatre cylindres dans la compétition. Une ambition qui aura un prix amer. Parmi les victimes du meurtrier Paris-Madrid de 1903 figure le frère de Louis Renault, Marcel, qui a quitté la route à 130 km/h. Elles vont trop vite, les Renault…

 

Chez Renault, tout l’atelier est en deuil et l’on pleure la mort du frère du patron. Mais celui-ci décide que la meilleure revanche sur le sort, c’est de continuer, toujours plus vite, toujours plus loin. Et d’ailleurs, la concurrence ne laisse pas le choix…

 

Tout semble s’emballer. En ce début de vingtième siècle, aucun constructeur européen n’est en mesure de satisfaire la demande. Tout au plus sont-ils capables de fournir une ou deux voitures par semaine quand on leur en commande une dizaine. Il faut prendre son ticket et se mettre sur la liste. Pour autant que l’on ait du répondant bancaire…

 

 

Aurielle Marlier

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