Léger cercueil
À Tunis, le cadavre de Louis IX fut, selon les usages, bouilli dans une cuve pleine d’eau et de vin, salé et désossé. On mit la chair dans des outres de cuir enduites de poix, les os et le cœur dans un coffret précieux. Les entrailles furent réservées pour la cathédrale de Monreale, près de Salerne, où Charles d’Anjou alla les déposer solennellement. Bien que l’armée eût manifesté sa volonté de s’approprier les reliques de son protecteur, le 31 août, Philippe III fit embarquer le reste en destination de Paris par Montcenis, Lyon, Mâcon, Cluny et Troyes. Après de multiples péripéties, le précieux colis arriva la veille de la Pentecôte 1271. Pour éviter tout risque de contamination, on évita toute cérémonie funèbre au palais de la Cité et les reliques furent conduites directement à Notre-Dame, où une messe solennelle fut célébrée. Ensuite, elles furent transportées à Saint-Denis, à douze kilomètres au nord de la capitale. Mais, exceptionnellement, seul l’héritier de la couronne, Philippe le Hardi, en fut chargé et non comme à l’accoutumée, les hanouards, bas officiers du grenier à sel de Paris, qui détenaient ce privilège. Il est vrai que le cercueil n’était pas bien lourd…
Un petit morceau ?
Louis IX fut canonisé par Boniface VIII en 1297, après vingt-quatre ans d’enquête. Lors de la première fête du saint, le 5 août 1298, Philippe le Bel fit remplacer son cercueil par une châsse d’or. Mais lors de la translation solennelle à Paris, le 17 mai 1306, avec l’accord du pape et de l’abbé de Saint-Denis, les reliques furent partagées entre plusieurs églises : une mâchoire resta à Saint-Denis, une côte fut offerte à Notre-Dame de Paris, le crâne fut placé dans un reliquaire à la Sainte-Chapelle, etc. Philippe le Bel distribua des os des épaules et des doigts, des fragments d’habits et de disciplines. Sous le règne de Charles VI, il restait toujours des côtes puisque ce souverain en offrit des entières au philosophe et théologien Pierre d’Ailly, aux ducs de Berry et de Bourgogne, mais des prélats n’obtinrent qu’un os à partager. Beaucoup de ces reliques disparurent à la Révolution.