Au XIXe siècle, les superstitions étaient nombreuses dans les campagnes françaises.
Par exemple, si une femme enceinte assistait à l’égorgement d’un porc ou d’une volaille, l’on pensait qu’elle risquait d’avoir une hémorragie, de même que de crever sa poche d’eau si elle jetait de l’eau pendant la nuit. Pas question non plus de balancer des coquilles d’œufs dans l’âtre allumé du local de l’accouchement, car c’était le meilleur moyen d’avoir un mort-né.
En Auvergne, les matrones organisaient des espèces de sabbat préliminaires durant lesquelles les parturientes et leur entourage devaient bouger en gesticulant frénétiquement, tout en formulant des incantations chrétiennes et païennes. Elles flagellaient les ventres des accouchées avec un chapelet de manière à dissiper leur angoisse. Une fois l’accouchement accompli, il ne fallait pas jeter le placenta n’importe où, au risque de faire pleuvoir toutes sortes de malheurs sur l’enfant, mais au contraire de l’enterrer selon des rites précis, par exemple au pied de tel arbre portant fleurs et fruits ou à tel endroit où l’on avait la conviction que la terre ne serait pas retournée avant longtemps. Ce n’est que plus tard, quand l’obstétrique aura fait des progrès, que les matrones prendront l’habitude de le brûler ou de le jeter à l’eau. Pour savoir si une naissance sera suivie d’autres, les assistants recouraient aux spéculations astrologiques ou comptaient les nodosités du cordon ombilical, les rouges désignant les futurs garçons, les blanches, les futures filles.
Source: "Les histoires les plus inattendues du peuple français", Jean-Pierre Rorive.
ISBN : 978-2-87557-130-4